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Les 24 Heures du Mans sont considérées comme l'une des plus grandes courses automobiles au monde. A ce titre, elles font chaque année l'objet d'un nombre très important de publications, sites internet, dossiers, discussions... Je ne prétends pas pouvoir ajouter une pierre significative à l'édifice, pour une raison très simple: je n'ai jamais mis les pieds dans la Sarthe un jour de course (même s'il existe des spécialistes de Mars qui n'ont jamais mis non plus un pied sur la planète rouge). Quand j'étais gamin, je me souviens que la litanie des victoires des Porsche 956 / 962 n'éveillait guère mon intérêt. Paradoxalement, j'ai repris le train en marche en pleine domination Audi, mais j'ai vite compris qu'un palmarès monotone pouvait cacher de passionnantes épopées. Aujourd'hui, j'ai accumulé de nombreux ouvrages sur la course, je lis avec plaisir tout ce qui peut s'y rapporter mais je n'ai toujours pas franchi le pas. Comme pour Goodwood, je pense que c'est avant tout parce que je trouve l'évènement intimidant: me retrouver au milieu de 240 000 personnes, avec les embouteillages ad hoc, sans connaitre l'évènement ni être accrédité, brrrr... Cela dit, Arthomobiles ne saurait être complet avec cette impasse et il faudra bien que je trouve le courage de me lancer, en 2015 j'espère.

        

En attendant, et sans prétention, j'ai eu l'idée de créer une page récurrente (elle remontera sur la page d'accueil à chaque mise à jour) qui récapitulerait tous les vainqueurs du Mans (voire même le podium) que j'ai déjà eu la chance de rencontrer. Pour être franc, la base était déjà faite dans le reportage sur le dernier Salon de Genève (et son exceptionnelle exposition). C'est parti, avec un petit commentaire sur chaque course, les numéros de châssis quand j'ai pu les trouver, et les lieux où j'ai rencontré ces merveilles. Peut être que vous aussi, sans forcément le savoir.

Avant de se lancer, voici un petit récapitulatif:

1923 - Longueur du circuit : 17,262 km - Distance parcourue : 2 209,540 km - Vitesse moyenne : 92,064 km/h

Au commencement était le Grand Prix d'Endurance de 24 Heures de 1923, première manche de la coupe Rudge-Whitworth. Cette coupe existait en 2 formats : biennale (meilleure performance sur 2 grands prix d'endurance) et triennale (meilleure performance sur 3 grands prix d'endurance). L'enjeu était de dépasser une distance en kilomètres dépendant de la cylindrée du véhicule pour continuer à disputer la coupe lors de l'édition suivante. Lors de cette première édition, disputées dans des conditions météo dantesques, certains équipages ont ralenti la cadence dès que leur distance minimum avait été franchie, afin de ménager leur véhicule pour leur permettre de rallier l'arrivée. Une des conséquences a été le taux d'abandon le plus faible de l'histoire des 24 heures du Mans: 30 véhicules furent classés sur 33 au départ, soit un taux d'abandon de 9,1%. Un record qui tiendra sans doute à jamais.

Bien sûr, il y avait tout de même un esprit de compétition: le record du tour en course de la Bentley 3 Litre n°8 en 9min 39s a été établi lors de la dernière heure de course, alors que cette voiture avait déjà dépassé son objectif kilométrique. La voiture ayant parcouru la plus grande distance est la Chenard et Walcker Sport 3.0L d'André Lagache et René Léonard, avec 128 tours.

       

Comme vous le savez sans doute, je ne suis pas un grand amateur de répliques mais il ne faut pas se mentir: les chances qu'une voiture de course (espèce longtemps peu considérée une fois techniquement dépassée) ait traversé 90 ans et une guerre mondiale sont bien faibles. Et je n'ai guère les compétences pour juger de l'authenticité de voitures de cet âge. Cela dit, cet exemplaire était clairement présenté au Salon de Genève 2014 comme la réplique de la Chenard & Walcker victorieuse en 1923. Au moins, ça donne une bonne idée du look des concurrentes de l'époque, qui devaient être strictement identiques aux voitures de série.

       

1924 - Longueur du circuit : 17,262 km - Distance parcourue : 2 077,340 km - Vitesse moyenne : 86,555 km/h

L'année suivante, pour la deuxième manche de la coupe, 73 français sur 78 pilotes sont au départ mais la victoire revient à un Britannique et un Canadien, le capitaine John F. Duff et Frank Clement, sur une Bentley 3 Litre Sport Vanden Plas Tourer. Pour la première fois en 1924 se sont déroulés des essais, mais qui n'étaient pas qualificatifs, la validation du pesage suffisant à la qualification d'office. La grille de départ s'établissait en fonction de la cylindrée des véhicules par ordre décroissant. Les concurrents devaient également s'arrêter au bout de cinq tours pour mettre en place la capote de leur voiture, une manœuvre qui n'était pas aisée à l'époque (et la conserver pour 20 tours au moins). Les équipages devaient également procéder eux mêmes aux réparations avec les outils emportés à bord, ainsi qu'aux ravitaillements, sans aide extérieure. Enfin, il fallait respecter un écart d'au moins 20 tours entre chaque ravitaillement.

Le châssis victorieux, numéro 582, a (probablement) été re-carrossé en berline après la course puis racheté par Bentley en 1931, qui l'a remis dans sa configuration initiale. Elle est ensuite repassée entre des mains privées. Actuellement, elle est en exposition au Musée du Mans et a fait une apparition à Rétromobile en 2014, sur le stand Bentley Motors mais elle est la propriété du Conseil Général de la Sarthe. Placés sur le créneau haut de gamme dès le début, les châssis Bentley avaient beaucoup plus de chances de survie que les autres.

1925 - Longueur du circuit : 17,262 km - Distance parcourue : 2 233,982 km - Vitesse moyenne : 93,082 km/h

En 1925, l'épreuve du capotage a lieu au départ. Pour éviter que les opérations ne débutent avant le signal, les concurrents doivent se tenir face à leurs voitures placées en épi, de l'autre coté de la piste. Une tradition qui perdurera jusqu'en 1969! C'est la Lorraine Dietrich B3-6 d'Henry de Courcelles et André Rossignol qui s'impose, présentée ici au Mans Classic 2014.

Une autre Lorraine Dietrich B3-6, châssis 122892, prend la troisième place, derrière une Sunbeam intercalée.

       

Chenard & Walcker s'éloigne résolument du règlement imposant des carrosseries conformes aux modèles du catalogue avec ce Tank de 1100 cm3 et s'adjuge la coupe Biennale ainsi que la première et dernière triennale malgré une dixième place. Le Tank était visible au Salon de Genève et au Mans Classic en 2014.

       

1926 - Longueur du circuit : 17,262 km - Distance parcourue : 2 552,414 km - Vitesse moyenne : 106,350 km/h

En 1926, c'est un triplé pour les Lorraine Dietrich B3-6, la victoire revenant à André Rossignol et Robert Bloch sur la numéro 6. Les Peugeot sont disqualifiées, la voiture leader à cause d'un montant de pare-brise cassé. La batterie de la seconde est à plat et le règlement interdit l'utilisation d'une manivelle aux voitures équipées d'un démarreur. La marque au lion, vexée, ne reviendra dans la Sarthe qu'en 1991.  Un nouveau classement est introduit: l'Indice de Performance, remporté par une OM 665SS Superba. Le Mans Classic 2014 également pour découvrir cet exemplaire.

1927

1928

1929 - Longueur du circuit : 16,340 km - Distance parcourue : 2 843,830 km - Vitesse moyenne : 118,492 km/h

Après le triplé des Lorraine Dietrich, Bentley s'offre un quadruplé en 1929, la première place et l'indice de performance revenant à la Speed Six de Woolf Barnato et Henry Birkin. C'est le châssis LB2332 qui s'impose, aujourd'hui surnommé "Old Number One", rappelant le numéro de course qu'elle portait en 1929. Elle était elle aussi présente au Mans Classic 2014.

               

1930 - Longueur du circuit : 16,340 km - Distance parcourue : 2 930,663 km - Vitesse moyenne : 122,111 km/h

La crise financière ayant fait des ravages, l'édition de 1930 rassemble le plateau le plus maigre de son histoire, avec seulement 17 partants (dont 5 Bentley). Néanmoins, Alfa Romeo et Talbot font leurs débuts dans la Sarthe. C'est la Speed Six de Woolf Barnato et Glen Kidston qui s'impose. Old Number One revendique cette victoire sur son radiateur mais la question ne semble pas être tranchée par les historiens.

       

En tout cas, Old Number Two, le châssis Speed Six HM2668 termine bel et bien deuxième, ce qui est aussi son numéro de course. En 2004, elle a battu le record d'enchère pour une Bentley lors de la vente Christie's du Mans Classic, à 5.1 millions de dollars. Avec Old n°1 et Old n°3, cette voiture est considérée comme l'une des Bentley les plus désirables au monde. La voici au Salon de Genève 2014.

       

Et c'est cette Talbot 90, châssis 29902, qui prit la troisième place. La voiture photographiée est semble-t-il un recréation.

1931 - Longueur du circuit : 16.340 km - Distance parcourue : 3 017,654 km - Vitesse moyenne : 125.735 km/h

1931 est une année de transition. La puissance et le poids des Bugatti Type 50 et Mercedes SSK dépassent les capacités de leurs pneumatiques et ce sont les Alfa Romeo, plus agiles, qui tirent pour la première fois leur épingle du jeu, inaugurant une période de domination de quatre ans. Les Talbot soit sauvées par leur régularité, la 105 châssis 31053 terminant troisième.

1932 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 2 954,038 km - Vitesse moyenne : 123,084 km/h

De 1931 à 1934, les 24 Heures deviennent la chasse gardée d'Alfa Romeo et ses 8C 2300. Voici le châssis 2111018, présenté à Rétromobile en 2009. Il s'agit de la 8C 2300 victorieuse au Mans en 1932 avec Luigi Chinetti et Raymond Sommer. A l'origine, elle portait une carrosserie Zagato mais quand Raymond Sommer en fit l'acquisition, il la fit recarrosser par Figoni, avec une robe ultra-légère. Après sa victoire au Mans, la voiture fut vendue et changea de nouveau de robe, en 1934, habillée cette fois par Brandone. Dans les années 90, son propriétaire anglais la confia au carrossier Dino Cognolato pour lui redonner le style Zagato, mais celui ci semble assez éloigné des photos d'époque que j'ai vues. Elle était présente à Rétromobile en 2009.

A la troisième place, voici la Talbot 105 châssis 31054. C'est la troisième 3ème place consécutive pour Talbot. Une voiture qui participe elle aussi au Mans Classic dans un plateau que j'ai trop souvent tendance à négliger.

       

1933

1934  - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 2 886.938 km - Vitesse moyenne : 120.289 km/h

En 1934, les marques britanniques alimentent la moitié du plateau. Alfa Romeo s'impose mais Riley fait la razzia, les six voitures engagées ralliant l'arrivée et emportant l'argent et le bronze, la victoire de classe, l'indice et la coupe des dames. Voici la Nine MPH, châssis 44T-2127 qui a terminé deuxième, ici au Mans Classic 2008.

1935  - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 006.797 km - Vitesse moyenne : 125.283 km/h

En 1935, la domination d'Alfa Romeo est brisée par Lagonda, qui l'emporte avec le châssis Z11078, un modèle M45R.

En troisième position arrive une Aston Martin Ulster 1.5 Litre, châssis LM20, qui s'adjuge aussi le Prix de la performance et la 11èeme coupe Biennale. A noter que les Aston d'usine courraient en rouge et les privées en vert.

En 1936, suite à d'importantes grèves dans l'industrie automobile, la course est annulée.

1937  - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 287.938 km - Vitesse moyenne : 136.997 km/h

En 1937, l'Automobile Club de France prend les choses en main et booste les constructeurs français avec un résultat immédiat: les voitures bleues occupent les quatre premières place, avec trois marques différentes. C'est le tank Bugatti qui s'impose, devant la Delahaye 135S châssis 46094 vu au Mans Classic 2014.

1938 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 180.94 km - Vitesse moyenne : 132.539 km/h

En 1938, les français sont encore présents en force avec sept Delahaye, six Talbot dont les sublimes T150 SS coupé et une Delage mais c'est une Alfa Romeo 8C 2900 Coupe Touring qui fait la course en tête mais doit abandonner suite à une crevaison. Les Delahaye 135 S réalisent un doublé. Le châssis 47192 termine deuxième. Il était présent au Mans Classic 2008 et à Rétromobile la même année.

1939 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 354.76 km - Vitesse moyenne : 139.781 km/h

Pour la dernière course avant la Guerre, les marques françaises continuent à dominer, avec une victoire de Bugatti devant Delage. Cette Lagonda V12 Le Mans termine troisième au général et première de classe.



De 1940 à 1948, pour des raisons évidentes, l'épreuve n'a pas lieu.

1949 -  Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 178,299 km - Vitesse moyenne : 132.420 km/h

Après la guerre, il fallu quatre ans avant que la course ne reprenne ses droits. Le circuit, utilisé comme base aérienne par les deux camps, avait souvent été bombardé, puis miné. En 1949, seule une douzaine de voitures sur la cinquantaine d'engagées avaient été construites après la guerre. Delage, Delahaye et Talbot Lago engageaient d'anciennes voitures, souvent des modèles de Grand Prix convertis. Pourtant, c'est un jeune constructeur italien qui va s'imposer, avec une petite barquette motorisée par un V12 de deux litres seulement. Une architecture qui lui permet de s'adjuger également l'indice de Performance.

Voici la 166MM Barchetta Touring victorieuse, châssis 0008M.

       

1950

1951 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 3 611,193 km - Vitesse moyenne : 150,466 km/h

Bien, je  ne vous cache pas que l'on arrive dans la période que je préfère, l'après guerre. Jaguar remporte sa première victoire avec une XK 120C, devant cette Talbot Lago T26 GS, châssis 110 059, pilotée par Pierre Meyrat et Guy Mairesse, rencontrée au Mans Classic 2014. Cette voiture est l'un des ultimes trait d'union avec la période d'avant-guerre. Ca me fait un peu mal de laisser la Cadillac Le Monstre ou la Talbot Lago Chambas de coté mais ce n'est pas le sujet de cette page. En 1951, une marque fait ses débuts au Mans et remporte d'emblée sa classe: Porsche.

       

En troisième position, une Aston Martin DB2, châssis LML/50/8, propriété de David Brown à l'époque, qui avait terminé cinquième en 1950. Présente au Mans Classic en 2010.

1952

1953

1954 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 4 061,150 km - Vitesse moyenne : 169,215 km/h

Pour mon plus grand malheur, je n'ai jamais rencontré la Ferrari 375 Plus victorieuse en 1954, mais sa poursuivante a déjà fait deux apparitions en 2014, au Salon de Genève et à la Villa d'Este. Il s'agit de la Jaguar Type D de Tony Rolt et Duncan Hamilton, châssis XKC 402. Un combat singulier intense sous la pluie, après les abandons des deux autres 375 Plus et Type D. Les deux adversaires terminent dans le même tour, le record de la boucle revenant à la Ferrari de Gonzales à plus de 189 km/h de moyenne!

       

       

1955 - Longueur du circuit : 13,492 km - Distance parcourue : 4 135,380 km - Vitesse moyenne : 172.308 km/h

L'édition 1955 fut bien sûr marquée par le crash d'une Mercedes-Benz 300 SLR qui provoqua la mort de 84 personnes dans le public. Pour éviter de ralentir les secours en arrêtant la course et en provoquant le départ des spectateurs, l'épreuve alla jusqu'au bout et fut remportée par la Jaguar Type D, châssis XKD 505 de Mike Hawthorn et Ivor Bueb. La voiture avait pourtant été impliquée dans le crash, sans avoir subi de choc.

1956 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 034,929 km - Vitesse moyenne : 168,122 km/h

Après la funeste édition 1955, Jaguar et les Type D poursuivent leur domination sur les 24 Heures. Cette Aston Martin DB3/S, châssis 009 s'intercale devant une Ferrari 625LM, avec Moss et Collins, sous l'œil de John Wyer, le team manager. La voici à Rétromobile en 2014.

       

1957 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 397,108 km - Vitesse moyenne : 183,217 km/h

En 1957, le duel annoncé oppose Ferrari et Maserati. Les deux marques italiennes mènent un train d'enfer et finissent par s'annihiler mutuellement: les deux 450S, la 300S, les deux 290MM, les deux 335S et la Testa Rossa se retirent, laissant le champ libre à un quadruplé surprise des Jaguar Type D privées. L'Ecurie Ecosse occupe les deux premières places.

XKD 606 est la voiture victorieuse. Elle est conservée au Musée Louwman.

       

Et voici le châssis XKD 603 qui termine deuxième, rencontré ici aux Mille Miglia 2010.

       

1958 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 101,926 km - Vitesse moyenne : 170,914 km/h

Après leur performance en 1957, les Type D sont à la peine, contraintes par un règlement qui limite désormais la cylindrée à 3 litres, une aubaine pour Ferrari dont le moteur "250" est déjà très performant. Phil Hill et Olivier Gendebien s'imposent  sur 0728TR, une Ferrari 250TR/58. Terminé les pontons fendus, la forme plus classique du capot monobloc améliore sensiblement les performances des Testa Rossa. Après sa sortie du très secret Mas du Clos, la voiture a pu être admirée au Mans Classic en 2012 et en 2014 (dans le cadre du rallye "250 Tornano a la Casa"). Pour l'anecdote, en 1958 Ricardo Rodriguez ne fut pas autorisé à prendre le volant de sa 500 TR car il n'avait que... 16 ans. Il prendra le départ dès l'année suivante sur une Osca.

       

1959 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 347,900 km - Vitesse moyenne : 181,163 km/h

En 1959, une journée d'essais préalable est créée, en avril, ainsi qu'un classement à l'Indice de Rendement Energétique. Les concurrents sont répartis entre Sports Prototypes et Grand Tourisme. Les six Ferrari Testa Rossa abandonnent et c'est une 250 Tour de France qui sauve l'honneur, devant une châssis court et une California. Les routières assurent à la place des pures compétitrices. Qu'importe, c'est une Aston Martin DBR1, châssis DBR1/2, qui l'emporte avec Roy Salvadori et Carroll Shelby. Une voiture que l'on rencontre encore dans des positions plutôt risquées, comme ici au Mans Classic 2012.

        

Elle devance sa sœur, le châssis DBR1/4, présentée ici à la Villa d'Este en 2012. Moins risqué!

       

1960 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 217,527 km - Vitesse moyenne : 175,730 km/h

En 1960, Ferrari est présent en force, avec 11 représentantes dont 5 Testa Rossa: deux nouvelles TRI, deux TR59 améliorées (TR59/60) et une TR59 pour le NART. Au bout de 3 heures, deux des voitures d'usine, la moitié de l'armada, sont arrêtées sur le circuit, en panne d'essence. L'explication avancée est la suivante: Ferrari a fait ses calculs selon les informations recueillies lors des essais préalables, avec un échappement classique. Pour la course, les échappements ont été raccourcis pour déboucher devant les roues arrières, ce qui a pour effet une élévation fatale de la consommation. Par chance, le châssis 0774TR, la TR59/60 d'Olivier Gendebien et Paul Frère, réussit à rallier les stands avec un moteur hoquetant et assoiffé, ce qui lui permet de voler ensuite vers la victoire. Elle aussi était au Mans Classic 2014, pour le "250 Tornano a la Casa".

       

       

1961

1962 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 451,255 km - Vitesse moyenne : 185,469 km/h

En 1961, Ferrari a réalisé un triplé, et récidive en 1962.  Cette fois, c'est le châssis 0808, la 330 TRI/LM d'Olivier Gendebien et Phil Hill qui s'impose. C'est le seul prototype au cheval cabré à terminer l'épreuve, et la dernière victoire d'une voiture à moteur avant. De fait, seul un tiers des engagés rallie l'arrivée. Cette voiture très spéciale (qualifiée par Gendebien de 2CV équipée d'un V12) était présente au Mans Classic 2010 et au soixantième anniversaire de Ferrari à Fiorano.

       

       

Handicapée par un embrayage fatigué, la TR n'a pas été mise sous pression par les 250 GTO qui la poursuivaient, à 5 tours seulement pour 3705GT, pilotée par Pierre Noblet et Jean Guichet. Peut être ces derniers auraient ils pu pousser le dernier proto à la casse et remporter une victoire mémorable. La voiture était présente au Cavallino Classic en 2007 et au rallye du cinquantième anniversaire.

       

A 17 tours, Léon "Eldé" Dernier et Jean "Beurlys" Blaton suivaient avec 3757GT pour le compte de l'Ecurie Nationale Belge. Je l'ai rencontrée à Rétromobile 2007 et au cinquantième anniversaire.

1963 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 561,710 km - Vitesse moyenne : 190,071 km/h

En 1963, Ferrari est à son apogée. Malgré la présence de Maserati, Aston Martin, Jaguar, AC Cobra, les 250P raflent la pôle, le classement général, le meilleur tour et l'indice de performance. Le record de distance est battu et le cheval cabré s'octroie les six premières places. Une 250 GTO parvient même à s'intercaler sur le podium, pour 120 mètres, remportant évidemment la catégorie GT. Il s'agit de 4293GT, avec Jean Blaton et Gérard Langlois Van Ophem. Je l'ai vue au cinquantième anniversaire, au Grand Palais pour le Tour Auto 2012 et au Mans Classic 2014 pour le "250 Tornano a la Casa".

       

       

1964 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 695,310 km - Vitesse moyenne : 195,638 km/h

L'année 64 marque l'arrivée de Ford et des GT40, qui ne dureront pas longtemps pour cette course d'apprentissage. Les Cobra Daytona sont aussi de la partie, l'une d'elle étant la seule non-Ferrari dans le top 6 (4ème). Cinq Porsche 904 suivent les Ferrari et la Cobra. Derrière la 275 P de Vaccarella et Guichet, deux 330P dont 0818 avec Graham Hill et Joachim Bonnier pour Maranello Concessionaires. Comme un avertissement, les GT40 seraient cependant les seules à dépasser 300 km/h dans les Hunaudières et établissent un nouveau record du tour. La voiture était visible au Museo Casa Ferrari de Modène en 2012.

Au lendemain des 24 Heures, des travaux débutent pour créer un circuit permanent, le Bugatti, qui sera inauguré en 1965. 

       

       

1965 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 677,110 km - Vitesse moyenne : 194,880 km/h

1965 est l'année du chant du cygne pour Ferrari, et même une surprise totale. C'est en effet une 250 LM du NART qui l'emporte après le naufrage des GT40, des Cobra Daytona et des protos Ferrari. A la deuxième place, la 250 LM châssis 6313 de Pierre Dumay et Gustave Gosselin. La dernière victoire de Ferrari au Mans ne doit rien à l'écurie d'usine. La 275 GTB spéciale de l'écurie Francorchamps complète le podium. Difficile de faire la liste des évènements auxquels à participé cette voiture avec son propriétaire Carlos Monteverde. Du Grand Prix de l'Age d'Or aux Dix Mille Tours, elle est très souvent en piste.

       

1966 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 4 843,090 km - Vitesse moyenne : 201,795 km/h

De 1966 à 1969, Ford va asseoir sa domination sur Le Mans avec ses GT40, terrassant enfin l'artisan de Maranello. En 1966, la marque américaine réalise un triplé: P/1046 devant P/1015 et P/1016. Les américains, avec le sens du spectacle qui les caractérise, prévoient une arrivée au finish avec leur deux voitures franchissant la ligne d'arrivée ensemble. Mais l'ACO ne l'entend pas de cette oreille et annonce que les 24 Heures du Mans ayant toujours été une épreuve de distance, la victoire reviendrait à la voiture ayant parcouru le plus de kilomètres. En cas d'arrivée ex-aequo, c'est donc celle qui serait partie le plus loin sur la grille qui l'emporterait pour quelques mètres. Au final, Bruce McLaren accélère légèrement sur la ligne et grille son coéquipier, rendant les calculs des organisateurs inutiles.

L'édition 1966 marque aussi les débuts involontaires d'une tradition désormais bien ancrée sur de nombreux podiums de sports mécaniques: la douche de champagne. Depuis le Grand Prix de France à Reims en 1950, la tradition voulait que le vainqueur se voit offrir une bouteille de champagne, qu'il conservait généralement pour la boire avec ses amis. Mais en 1966, les organisateurs ont oublié de mettre la bouteille au frais. Alors que Siffert et Davis sont sur le podium de l'indice de performance, le bouchon saute et le liquide gicle sur les pilotes. Siffert se saisit de la bouteille et arrose le public massé au pied du podium. En 1967, Dan Gurney secoue la bouteille pour reproduire l'incident de 1966 et arrose tout le monde sous les vivats de la foule.

Voici P/1046, sortant tout juste de restauration

P/1016 était visible au Salon de Genève 2014 et au dernier Mans Classic (2014)

       

       

1967 - Longueur du circuit : 13,461 km - Distance parcourue : 5 232,900 km - Vitesse moyenne : 218,038 km/h

1967 marque l'apogée de la bataille entre Ford et Ferrari. Les organisateurs évoquent 300 000 spectateurs pour "la course du siècle". Nul doute que bien plus prétendront avoir été là. Ford est très rapide avec ses Mk IV, contraignant les Ferrari P4 a une course d'attente qui a bien failli payer: durant la nuit, 3 Ford sur 7 sont éliminées dans un carambolage. Trois Ferrari sont aux trousses d'une GT40 qui tiendra finalement jusqu'au bout!

Deux 330 P4 complètent le podium. A priori, c'est 0858 qui termine deuxième avec Ludovico Scarfiotti et Mike Parkes.

       

Je ne reviendrai pas ici sur la transformation de 0858, que j'ai abondamment commentée dans le reportage sur Rétromobile 2014. Pour la voir sous sa forme de 350 Can Am, il fallait aller à la vente aux enchères RM de Maranello en 2009. Hélas, l'occasion de voir une Can Am semble aujourd'hui définitivement passée.

       

Et 0856 termine troisième, avec Willy Mairesse et Jean Blaton. Il s'agit de la seule P4 a ne jamais avoir été modifiée et j'ai eu l'immense privilège de la côtoyer au soixantième anniversaire de Ferrari.

       

       

1968

1969 - Longueur du circuit : 13,469 km - Distance parcourue : 4 997,880 km - Vitesse moyenne : 208,250 km/h

En 1968, Ford confie à John Wyer le soin de continuer à courir au Mans avec des GT40 Mk II vieillissantes. Sous les couleurs Gulf mythiques, les Ford s'imposent encore deux fois. En 1969 lors d'une course mémorable. Dès le départ, Jacky Ickx crée la sensation en marchant jusqu'à sa voiture et en s'élançant en dernier pour protester contre les dangers du départ en épi. L'année précédente, Mairesse a été gravement blessé, sa GT40 déséquilibrée par une portière mal fermée. Le premier tour donne raison à Ickx: la 917 de John Woolfe sort à Maison Blanche. Le pilote, pas encore harnaché dans le cockpit, est éjecté et tué sur le coup. Si Ferrari remporte le concours de beauté avec la 312 P, c'est Porsche qui affiche ses ambitions avec 16 voitures au départ: 917, 908, 910, 911... A 3 heures de l'arrivée, les deux Porsche de tête abandonnent sur problèmes de transmission. Ickx et Oliver se retrouvent en tête devant la 908 de Hans Herrmann et Gérard Larrousse. Durant les deux dernières heures, le belge et l'allemand échange leurs positions au fil des ravitaillements avant de se retrouver roues dans roues dans le dernier tour. A l'entrée des Hunaudières, Ickx soulage un peu et Hermann passe. Une erreur fatale. Ickx prend son sillage et le double à l'aspiration avant Mulsanne. Les deux voitures terminent la course séparées d'une centaine de mètres.

Voici la fameuse perdante, châssis 031, visible au Musée Porsche de Stuttgart. En fait, il s'agirait plutôt d'une autre 908 portant la livrée de 031, le châssis 003 en l'occurence. Porsche est coutumier du fait. C'est assez surprenant de voir le nombre de vainqueurs du Mans qui ont échappé à la firme de Stuttgart, qui est tout de même un constructeur assez riche. Alors que Ferrari devait vendre la voiture précédente pour construire la suivante, Porsche a toujours été plus à l'aise financièrement. Pourtant, de nombreuses voitures significatives sont entre des mains privées et la marque en est réduite à repeindre d'autre châssis.

       

       

1970 - Longueur du circuit : 13,469 km - Distance parcourue : 4 607,810 km - Vitesse moyenne : 191,992 km/h

En 1970, Porsche et Hans Herrmann prennent leur revanche en s'imposant sur le châssis 917-023, avec Richard Attwood. Une fois encore, des armadas impressionnantes sont venues dans la Sarthe: 11 Ferrari 512 S affrontent 7 Porsche 917. Le départ a toujours lieu en épi mais le pilote est sanglé dans sa voiture. C'est son équipier qui traverse la piste pour enclencher le coupe circuit, fixé sur le flanc gauche. Au bout du compte, seules 7 voitures seront classées, 5 Porsche et 2 Ferrari.

Voici 917-023 au Salon de Genève 2014. Attention, au moins deux autres voitures présentent la même livrée, méfiez vous des imitations. Pour l'anecdote, l'épreuve a également été disputée par une Porsche 908/2 équipée de caméras et chargée de filmer des images pour le film Le Mans avec Steve McQueen.

       

       

1971 - Longueur du circuit : 13,469 km - Distance parcourue : 5 335,313 km (record absolu de l'épreuve jusqu'en 2010) - Vitesse moyenne : 222,304 km/h

En 1971, la procédure de départ est réalisée en ligne. C'est également la première fois qu'un muret sépare les stands de la piste. Pas moins de 33 Porsche sont engagées! La Porsche 917K s'impose de nouveau avec Helmut Marko et Gijs Van Lennep. Cette fois, il s'agit du châssis magnésium 917-053 aux couleurs Martini qui bat le record de distance en 24 Heures avec 5335.3 kilomètres, un record qui compte tenu des modifications du circuit ne sera battu que presque 40 ans plus tard. La voiture est souvent visible au Musée Porsche mais bouge pas mal. Elle était visible à Rétromobile en 2014 ou au Salon de Francfort 2013, et au Mans Classic en 2010.

       

       

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, aucune Porsche 917 aux couleurs Gulf ne s'est imposée au Mans. Leur meilleur résultat est une deuxième place en 1971 avec le châssis 917-026 (devenu ensuite 917-031) qui fait désormais partie de la Collection ROFGO. A ce titre, on a pu la voir à Rétromobile en 2011, et au Mans Classic en 2014.

        

Auparavant, elle avait couru au Mans Classic en 2012 et 2010.

       

1972 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 4 691,343 km - Vitesse moyenne : 195,472 km/h

1972 est une année charnière. Le tracé est rallongé, évitant désormais Maison Blanche. L'indice de performance disparait. Exit les GT40 et Porsche 917, la cylindrée des voitures de sport est désormais limitée à trois litres. Matra débarque en force, après une désillusion en Formule 1, et s'impose facilement, faute de réelle concurrence. Les MS670 réalisent un doublé, Henri Pescarolo et Graham Hill prenant la première place dans le châssis numéro 01. Pescarolo remporte sa première victoire, la première d'un français depuis Jean Guichet en 1964, un an après son terrible accident  Quant à Hill, il devient le premier pilote à avoir remporté Le Mans, Indianapolis et le Championnat du Monde de F1. La course fut en revanche marquée par la disparition de Jo Bonnier. La voiture était visible au Mans Classic en 2008.

       

Et voici la deuxième Matra, châssis 670-02, exposée au Mans Classic 2010 avec une carrosserie 74.

En troisième position, la Porsche 908 LH, châssis 013, qui avait déjà occupé cette position en 1968. Elle appartient désormais au Musée Schlumpf de Mulhouse.

       

Pour être complet, il faut noter que la Ferrari Daytona Groupe IV, châssis 15667, vue en 2014 à Sport & Collection, s'adjuge l'Indice au Rendement Energétique.

       

1973

1974 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 4 606,571 km - Vitesse moyenne : 191,940 km/h

En 1973, Pescarolo et Matra ont défait Ferrari, champion du Monde en titre avec ses 312 PB. Le duo récidive en 1974, avec Gérard Larrousse, à bord de la Matra châssis MS670B-06. Pourtant, la course n'a pas été la promenade de santé attendue. Quatre Matra sont au départ mais après seulement huit heures de course, deux ont abandonné et une autre ne tourne plus très rond. Alors que la voiture de Larrousse et Pescarolo compte onze tours d'avance, un problème de boite immobilise la voiture aux stands pendant 45 minutes.

       

Elle finit par repartir dans le même tour que la Porsche Turbo RSR qui la poursuit, mais la 911 est fatiguée également. La Matra lui reprend six tours avant l'arrivée. Elle était présente au Salon de Genève 2014 avec son pilote, Voici la Porsche, châssis 911 460 9102 R13, présente au Mans Classic 2014.

       

1975 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 4 595,577 km - Vitesse moyenne : 191,484 km/h

Dans le sillage de la crise pétrolière, l'ACO impose un règlement donnant la priorité à la consommation. Qui plus est, l'épreuve ne compte plus pour le Championnat du monde des marques. Disputée devant seulement 80 000 spectateurs, l'édition 1975 est réputée comme l'une des plus ternes de l'histoire. Pour autant, John Wyer et Gulf ne laissent pas passer l'occasion de s'imposer avec une Mirage. Pour ajouter une dimension pathétique à cette course, Luigi Chinetti retire ses 4 Ferrari (dont le spyder Michelotti) à 30 minutes du départ, suite à l'exclusion de la Dino 308 GT4-LM. Dans la confusion, un équipage équatorien glisse sa RSR non qualifiée sur la grille et prend le départ, pour recevoir le drapeau noir trois tours plus tard...

Voilà la Mirage GR8, châssis 801, qui s'est imposée.

La Ligier JS2, châssis 253873 03, s'accroche et termine à un tour. Elle était proposée à la vente par Artcurial à l'occasion du Mans Classic en 2012

               

En troisième place, une autre Mirage GR8, la châssis 802, elle aussi présente au Mans Classic 2012, mais sur la piste.

       

1976 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 4 769,923 km - Vitesse moyenne : 198,748 km/h

En 1976, le règlement s'assouplit de nouveau. Le moteur turbo s'impose pour la première fois, avec la Porsche 936, châssis 002, menée par Jacky Ickx et Gijs Van Lennep, pour sa dernière course. Présentée au Mans Classic 2012 et 2014 sur le stand Porsche Classic, elle porte en fait la livrée de la gagnante de 1977 (châssis 001), plus seyante il est vrai que celle de 1976.

       

En deuxième place, on retrouve la Mirage GR8 #802 qui grimpe une marche supplémentaire sur le podium par rapport à l'année précédente. Le podium est complété par la Lola T380 De Cadenet, châssis HU1/LM-2, présente au Mans Classic 2012. Cette année là, un certain Jean Rondeau commence à construire ses propres voitures et remporte la classe GTP avec son Inaltera.

1977 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 4 671,630 km - Vitesse moyenne : 194,651 km/h

Après une course d'essai en 1976, Renault met les moyens et vient pour gagner mais aucune des quatre A442 ne terminera la course. Pour autant, Porsche n'a pas eu la vie facile. A moins d'une heure de l'arrivée, la Porsche 936, châssis 001, de Jacky Ickx, Hurley Haywood et Jürgen Barth agonise. Piston percé, les mécaniciens isolent le cylindre défectueux. La voiture, qui compte 20 tours d'avance, reste aux stands jusqu'à 15 minutes de la fin, puis sort pour reprendre la piste et finir la course au ralenti, accomplissant les deux derniers tours dans les délais règlementaires (le dernier tour doit être bouclé en moins de quatre fois le temps de la pôle position). Bizarrement, elle s'est présentée au Mans Classic 2012 dans sa configuration 1978, où elle a terminé 3ème. A la deuxième place, on retrouve une nouvelle fois la Mirage GR8 #802, sur le podium pour la troisième fois consécutive!

       

1978 - Longueur du circuit : 13,640 km - Distance parcourue : 5044.53 km - Vitesse moyenne : 210.188 km/h

Renault a très envie de courir en F1 mais ne veut pas rester sur une défaite humiliante. Les A442 sont fiabilisées et Didier Pironi et Jean Pierre Jaussaud s'imposent sur l' Alpine A442B châssis A442/3, franchissant la barre des 5000 kilomètres pour la première fois depuis 1971. A cause d'un embrayage faiblissant, Pironi doit doubler son dernier relais et termine la course absolument épuisé. Renault peut se retirer de l'endurance avec le sentiment du devoir accompli. Derrière, les deux Porsche 936 victorieuses les années précédentes complètent le podium, #001 devant #002. La gagnante a été exposée au Salon de Genève 2014, a participé au Mans Classic 2012 et a pu être admirée dans le showroom Renault des Champs Elysées en 2013.

       

       

1979

1980 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 4 608,020 km - Vitesse moyenne : 192,000 km/h

Jean Rondeau est le premier (et le dernier on peut le parier) pilote à l'emporter sur une voiture de sa construction, devant Porsche! L'homme a toujours rêvé de participer aux 24 Heures mais ne parvient pas à obtenir de volant à la hauteur de ses ambitions. A force de persévérance, Rondeau passe tous les obstacles et fabrique sa première machine en 1976, dans la cour de sa maison, avec le soutien du fabricant de papier peint Inaltera. La voiture remporte la classe GTP mais le partenariat est dissous et l'ensemble des actifs, voitures comprises, sont vendus. Rondeau persiste et construit la M378, puis la M379 dont trois exemplaires sont engagés dans l'édition 1980. La n°16 prend la tête à 10h00 du matin et à trois heures de la fin, Rondeau relaie Jaussaud. Surpris en slicks par une averse, il glisse dans la courbe Dunlop et cale. Heureusement, le Cosworth repart après quelques tentatives mais le Manceau est tétanisé et ne trouve plus ses trajectoires, perdant dix secondes au tour sur la Porsche 908/80 de Ickx et Jöst. Le démarreur fait des siennes: à chaque ravitaillement, les mécaniciens sont obligés de l'arroser d'eau fraiche. Jaussaud reprend le volant pour assurer un double relais solide. Lors d'une nouvelle averse, la Rondeau part en tête à queue à Mulsanne. Il faut s'y prendre à trois fois pour que le moteur reparte. Jaussaud mise sur un orage passager et reste en pneus secs. Les dieux lui sourient, La Porsche est contrainte à un double arrêt. Sans avoir été passionnante, cette édition aura été riche en émotions.

Voici la Rondeau M379 vainqueur en 1980 avec Jean Rondeau et Jean Pierre Jaussaud, châssis M379-003, présente notamment au Salon de Genève 2014 et au Mans Classic en 2010.

       

       

Et voici la Porsche 908/80, châssis 936/80-004 qui a terminé deuxième. Visible au Mans Classic en 2008 et 2010.

Et pour compléter le podium, voici la seconde Rondeau, châssis M378-001, vue au Mans Classic 2012

1981 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 4 825.35 km - Vitesse moyenne : 201.056 km/h

En 1981, c'est la revanche. Une Porsche 936 s'impose devant deux Rondeau, dont celle qui avait terminé troisième en 1980, qui monte une marche supplémentaire sur le podium, à la deuxième place. Elle roulait d'ailleurs au Mans Classic 2014.

1982 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 4 899,090 km - Vitesse moyenne : 204,128 km/h

1982 voit l'avènement du Groupe C et marque le début du règne des Porsche 956. Dix neuf constructeurs sont présents mais Porsche s'impose avec un triplé dans l'ordre des numéros. Anecdotique mais jamais vu. Dans l'ordre, voici le châssis 956-002 de Jacky Ickx et Derek Bell, pendue au plafond du Musée Porsche à Zuffenhausen. Le pilote Belge engrange sa sixième victoire, un record qui parait inaccessible à l'époque.

Deuxième, le châssis 956-003 avec Mass et Schuppan, présenté au Mans Classic en 2010. .

et en troisième position, avec Haywood, Holbert et Barth, le châssis 956-004 passé aux enchères chez RM à Paris en 2014. Une fois de plus, l'ACO fait preuve de sa toute puissance en disqualifiant une Mirage à quelques minutes du départ pour une question de position de radiateurs d'huile. La voiture est sortie de la grille de départ à la poussette. Après Luigi Chinetti, c'est au tour de John Wyer de subir un camouflet.

Et pour être complet, le quatrième châssis Rothmans d'usine, 956-001, le prototype de 956 était à Rétromobile en 2013.


1983 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 5 047,930 km - Vitesse moyenne : 210,330 km/h

En 1983, le plateau est uniquement composé de Groupe B et de Groupe C. Porsche lamine la concurrence et les 956 trustent les 8 premières places du classement. Pourtant la lutte pour la victoire est intense: à une demie heure de l'arrivée la Porsche 956-003 de Al Holbert, Hurley Haywood et Vern Schuppan, n'a plus que 2'37 d'avance sur sa poursuivante et la voiture émet une fumée blanche de mauvaise augure. Heureusement pour le trio, la voiture de Ickx et Bell est à court de carburant et doit ralentir et termine dans le tour.

Et donc revoici 956-003, qui s'est imposée cette fois.

       

1984 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 4900,280 km - Vitesse moyenne : 204,178 km/h

En 1984, Porsche décida de boycotter les 24 Heures suite à un désaccord avec l'ACO sur une question d'allocation de carburant. C'est donc aux écuries privées que revint la tâche de défendre les couleurs allemandes, face aux Lancia LC2 d'usine. Pas moins de 16 Porsche 956 étaient engagées par Joest, Brun, Kremer, GTI Engineering ou encore Obermaier Racing, ce qui laissait une bonne chance de victoire. Et c'est ce qui se produisit: c'est le châssis 956-117 qui passa la ligne le premier, engrangeant la première victoire au Mans du Joest Racing, avec Henri Pescarolo et Klaus Ludwig.

1985 - Longueur du circuit : 13,626 km - Distance parcourue : 5 088,510 km - Vitesse moyenne : 212,021 km/h

En 1985, l'usine Porsche était de retour, avec notamment trois 962C. Grâce à une stratégie rigoureuse, Joest réitéra l'exploit avec le même châssis, 956-117, piloté cette fois par Klaus Ludwig, Paolo Barilla et Louis Krages. La 956 remporta aussi l'indice de performance, avec 100 litres de carburant non utilisés en fin de course.

1986 - Longueur du circuit : 13,528 km - Distance parcourue : 4 972,730 km - Vitesse moyenne : 207,197 km/h

Pour illustrer mon introduction, les 956 trustent les 7 premières places en 1984, avant que les 962 ne prennent la relève en 1985. L'année 1986 marque le retour de Jaguar mais les Porsche restent dominatrices. Les voitures d'usine doivent batailler ferme contre celle de leur client, Jöst. La lutte fait des dégâts et c'est finalement la Porsche 962C, châssis 115 de Brun Motorsports qui termine derrière la 962C d'usine. Elle était présentée au Mans Classic en 2014.

       

La troisième place est revenue au châssis 956-104, alors dans une livrée aux couleurs de la bannière étoilée.

1987 - Longueur du circuit : 13,535 km - Distance parcourue : 4 791,780 km - Vitesse moyenne : 199,657 km/h

En 1987, Porsche n'est plus le grand favori! Les Jaguar dominent le début de saison mais Le Mans reste une épreuve très particulière et c'est encore une Porsche 962C qui s'impose avec Derek Bell, Al Holbert et Hans Stück, sur le châssis 962-006, qui avait paradé au Mans Classic 2008.

Et voici le châssis 962-130 qui a terminé deuxième. Il était possible de le voir aux Modena Trackdays 2013 à Spa.

1988 - Longueur du circuit : 13,535 km - Distance parcourue : 5 332,780 km - Vitesse moyenne : 221,665 km/h

Champion du monde en titre, Jaguar veut sa victoire au Mans et met les moyens: TWR aligne 5 voitures pour faire face aux Porsche vieillissantes. La victoire est au bout pour la Jaguar XJR-9LM de Jan Lammers,  Johnny Dumfries et Andy Wallace, châssis TWR-J12C-488. La lutte a été serrée puisque deux 962C complètent le podium, la plus proche à seulement 2 minutes 36 du vainqueur! D'ailleurs les Porsche occupent 9 des 11 premières places. Voici la gagnante photographiée au Grand Prix de Suisse à Berne en 2009. Cette année là, le record de vitesse de l'épreuve est battu par une WM P 88 à moteur Peugeot: 405 km/h. Les Sauber et les Jaguar frôlent les 400 kml/h, ce qui ne manque pas de susciter un certain émoi.

       

A la troisième place, à neuf tours, la Porsche 962 C, châssis 962-116, emmenée par Stanley Dickens, John Winter et Frank Jelinski

1989 - Longueur du circuit : 13,535 km - Distance parcourue : 5 262,115 km - Vitesse moyenne : 219,990 km/h

Tout va très vite en Groupe C et ce sont maintenant les Sauber qui dominent le Championnat, dont l'ACO s'est retiré pour affirmer son indépendance. La course est trop prestigieuse pour être boudée: Porsche, Jaguar et Sauber sont au rendez vous, comme Toyota, Nissan et... Mazda.  Le Groupe C vit son Age d'Or. Les trois marques de pointe occupent la tête tour à tour mais c'est finalement les Sauber Mercedes qui réalisent le doublé, devant une Porsche 962C.

La Sauber-Mercedes C9 gagnante de 1989, avec Jochen Mass, Stanley Dickens et Manuel Reuter, châssis 88-C9-03 se trouve au Musée Mercedes de Stuttgart.



Et au salon Rétromobile 2014 s'exposait sur le stand Mercedes le châssis 88-C9-04 qui a terminé deuxième.

1990 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 4 882,400 km - Vitesse moyenne : 204,036 km/h

En 1990, c'est Nissan qui affiche ses ambitions avec 7 voitures et qui introduit les freins carbone au Mans. Suite aux vitesses extrêmes atteintes en 1988, deux chicanes viennent couper les Hunaudières. La course comptera 31 leaders différents mais c'est la Jaguar XJR-12 de John Nielsen, Price Cobb et Martin Brundle, châssis TWR-J12C-288, qui s'impose devant une de ses sœurs. La voici à Rétromobile en 2013. La course se déroulant hors Championnat du Monde, Sauber a décidé de ne pas défendre son titre pour se concentrer sur le titre mondial.

Sur la liste des engagés figurent encore 17 inusables Porsche 962 dont 14 finiront la course. La mieux placée est cette  962C-154 qui prend la troisième place. Elle était au Mans Classic en 2012.

       

1991 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 4 922,810 km - Vitesse moyenne : 205,330 km/h

Après l'échec de Nissan, c'est Mazda qui devient le premier (et le seul encore en 2014) constructeur japonais à avoir remporté les 24 Heures. Autre première, l'exploit est réalisé avec un moteur rotatif. Une victoire obtenue malgré le retour de Sauber et face aux Jaguar, deux modèle plus rapides mais moins homogènes: les Jaguar et leur V12 de 7.4 litres consomment trop et les Sauber connaissent des problèmes mécaniques. Une marque fait un retour discret dans la Sarthe: Peugeot.

Voici donc l'une des voitures les plus marquantes des 24 Heures du Mans, la Mazda 787B, châssis  châssis 787B-002 à moteur rotatif pilotée par Volkert Weidler, Bertrand Gachot et Johnny Herbert. Ce dernier loupa la cérémonie du podium car il termina la course épuisé et déshydraté et fut directement conduit à centre médical.

       

       

Bien sûr, la voiture participe à un grand nombre de tournées promotionnelles. Outre le Salon de Genève 2014, on a pu la voir à Rétromobile en 2011, au Salon de Genève déjà en 2011 également, au Mondial en 2010 et au Mans Classic en 2014. Cela dit, il semblerait que toutes les expositions statiques soient assurées par une réplique dépourvue de moteur. Et comme je ne l'ai jamais vue tourner...

       

       

Jaguar place tout de même trois de ses XJR12 derrière la Mazda, dont le magnifique châssis TWR-J12C-588 qui termine deuxième. Découvert à Genève en 2014, encore.

       

       

       

1992 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 4 787,200 km - Vitesse moyenne : 199,340 km/h

L'Age d'Or est bel et bien terminé, seuls 28 concurrents sont inscrits en 1992. Pourtant, Peugeot aura fort à faire pour contenir les assauts de Toyota, et de Mazda, venu avec panache défendre son titre malgré l'interdiction du moteur rotatif. La Peugeot 905, châssis EV 1.7, pilotée par Derek Warwick, Yannick Dalmas et Mark Blundell s'impose. Une Toyota s'intercale devant une autre 905. La voici au Salon de Genève 2014

       

       

mais il lui arrive bien sûr aussi d'apparaitre au Musée de l'Aventure Peugeot de Sochaux.

1993 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 5 100,000 km - Vitesse moyenne : 213,358 km/h

Pour éviter de retrouver un plateau aussi maigre que l'année précédente, l'ACO convie les GT à participer aux 24 Heures. C'est la fin pour les Groupe C, une fin en apothéose pour Peugeot qui signe un triplé, annonçant dès la fin de la course sa reconversion comme motoriste de F1. Le châssis EV 1.2 de Geoff Brabham, Christophe Bouchut et Eric Hélary s'impose devant EV 1.7 et EV 1.1.       

EV 1.2 a fait une apparition surprise au Grand Palais en 2013  à l'occasion de la vente Bonhams

       

Voici EV 1.7

et EV 1.1 qui était exposée au Mans Classic en 2012.

1994 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 4 685,701 km - Vitesse moyenne : 195,238 km/h

Le règlement 1994 mixe les prototypes et les GT. Dauer parvient à faire homologuer une 962 de sa conception en catégorie GT et remporte la course avec Mauro Baldi, Yannick Dalmas et Hurley Haywood sur le châssis Dauer 962 LM #GT003 (176). Sans surprise, Porsche apporte un soutien conséquent au petit constructeur. Toyota, qui court en LMP1, échoue une nouvelle fois de peu. La Dauer victorieuse a fait une apparition au Musée Schlumpf de Mulhouse.

Et voici la Toyota 94C-V, châssis 92CV-005 qui a terminé deuxième. Elle menait à 90 minutes de la fin avant de connaitre des problèmes de boite de vitesse, qui nécessitèrent 13 minutes d'immobilisation aux stands. Eddie Irvine arracha la deuxième place à une autre Dauer dans l'avant dernier tour.

       

1995 - Longueur du circuit : 13,600 km - Distance parcourue : 4 055,800 km - Vitesse moyenne : 168,992 km/h

Le règlement continue à muter et à se chercher. L'édition 1995 semble taillée sur mesure pour les Courage mais la pluie en décide autrement, permettant à McLaren de s'imposer dès sa première tentative avec sa F1 GTR. Longtemps le châssis 06R est resté en tête mais se retrouve handicapé par des problèmes de boite. A deux heures de l'arrivée, il doit céder la première place à l'une de ses sœurs, 01R. La Courage C34, qui cumule les bons points avec le moteur de la Porsche 962 et Mario Andretti et Bob Wollek au volant, est ralentie par une touchette puis par un changement de capot. Le prototype effectue une remontée spectaculaire mais échoue à 9 kilomètres de la McLaren. A quelques tours près, Yves Courage ne pourra pas rejoindre Jean Rondeau, et Andretti ne rejoindra pas Hill. Le châssis 01R s'impose:

       

Voici le châssis 06R, vu aux Dix Mille Tours 2013, dans le cadre du plateau BPR.

       

1996

1997 - Longueur du circuit : 13,605 km - Distance parcourue : 4 609,600 km - Vitesse moyenne : 192,066 km/h

En 1997, la TWR Porsche du team Jöst s'impose pour la deuxième fois devant une armada de Porsche GT1 et de McLaren. Une victoire due à l'embrasement soudain de la Porsche leader à une heure de l'arrivée. Voici la McLaren F1 GTR, châssis 26R qui a terminé troisième de l'épreuve, présentée par BMW au Mans Classic 2014. Les McLaren d'usine étaient pourtant surclassées par les Porsche GT1 mais aussi par les F1 GTR du team Gulf, dont le châssis 25R termine deuxième.

       

1998 - Longueur du circuit : 13,605 km - Distance parcourue : 4 783,781 km - Vitesse moyenne : 199,324 km/h

En 1998, encore une fois, les LMP1 et les GT1 peuvent prétendre à la victoire finale, ce qui redonne ses lettres de noblesse à des 24 heures malmenées depuis quelques années. Mercedes, BMW, Porsche, Courage, Toyota, Nissan, McLaren et même Ferrari sont au rendez vous. Les défaillances mécaniques sont multiples et les très rapides Toyota GT-One se retirent une par une, comme les Mercedes et les BMW. C'est finalement une nouvelle fois Porsche qui s'impose en réalisant un doublé

Voici donc la Porsche 911 GT1, châssis GT1/98-003, d'Allan McNish, Laurent Aiello et Stéphane Ortelli, vainqueur de l'édition 1998, et qui signe la treizième victoire de Porsche au Mans, la dernière à l'heure où j'écris ces lignes. Elle était au Salon de Genève en 2014.

       

       

Méfiez vous des imitations. La vraie doit présenter des traces d'usure au niveau des tâches orange de la face avant.

Et voici sa poursuivante, châssis GT1/98-002, exposée au Mans Classic en 2012. 

1999 - Longueur du circuit : 13,605 km - Distance parcourue : 4 967,991 km - Vitesse moyenne : 207,00 km/h

En 1999, Toyota persévère avec ses très performantes GT-One auxquelles la victoire semble ne pas pouvoir échapper. Un concurrent encore discret fait son entrée dans la Sarthe: Audi, qui terminera troisième de la course. Suite aux trois (!) loopings spectaculaires de ses CLR, Mercedes se retire de la course, laissant BMW et Toyota s'expliquer. Les BMW sont plus sobres et plus régulières mais n'échappent pas aux faits de course. La Toyota survivante remonte sur la BMW de tête quand un pneu éclate à une heure de l'arrivée. C'est la fin des espoirs japonais, une nouvelle fois.

Voici la BMW V12 LMR, châssis V12LMR-003/99, qui s'est imposé avec Joachim Winkelhock, Pierluigi Martini et Yannick Dalmas. On a pu le voir au Mans Classic en 2012 et 2014 ainsi qu'à la Villa d'Este en 2012.

       

       

2000 - Longueur du circuit : 13,605 km - Distance parcourue : 5 007,998 km - Vitesse moyenne : 208,666 km/h

Le tournant du millénaire marque une étape majeure pour le palmarès des 24 Heures. Un 26ème constructeur y inscrit son nom, avec un triplé réalisé sans véritable opposition: Audi! La R8 châssis 404 est menée à la victoire par Frank Biela, Emanuele Pirro et un certain Tom Kristensen, qui s'impose pour la seconde fois. Elle était présente au Salon de Genève 2014.

       

       

Le châssis 405, présent au Mans Classic 2018, a terminé deuxième.

2001

2002 - Longueur du circuit : 13,650 km - Distance parcourue : 5 118,75 km - Vitesse moyenne : 213,068 km/h

Audi a le champ libre et réalise un triplé, dans l'ordre des numéros 1 - 2 - 3, comme Porsche 20 ans plus tôt. La victoire revient à l'Audi R8, châssis 601 d'Emanuele Pirro, Tom Kristensen et Franck Biela, le trio remportant sa troisième victoire consécutive! La voiture a été un moment prêtée par Audi au Musée Schlumpf de Mulhouse.

       

2003 - Longueur du circuit : 13,650 km -  Distance parcourue : 5 145.57 km - Vitesse moyenne : 214,4 km/h

En 2003, Audi décide de faire une fleur à sa filiale britannique, Bentley. La Speed 8 est développée sur la base de l'Audi R8 et Rinaldo Capello et Tom Kristensen prennent le volant du châssis 004/5 qui remporte la course en menant 369 tours sur 377.

2004

2005

2006 - Longueur du circuit : 13,650 km - Distance parcourue : 5 197 km - Vitesse moyenne : 215,409 km/h

Les R8 ont remporté cinq des six dernières éditions, la sixième ayant été servie sur un plateau à Bentley, filiale... d'Audi quand Le Mans bascule en 2006: la marque aux anneaux engage deux prototypes turbo diesel, les R10 TDI. Pour cette grande première, les voitures sont bien préparées et le châssis 102 s'impose avec Frank Biela, Emanuele Pirro et Marco Werner. La voici au Mans Classic en 2010.

Profitant de problèmes d'injecteur sur une des Audi, une Pescarolo C60 (châssis 3) parvient à s'intercaler sur le podium avec notamment un certain Sébastien Loeb au volant. Elle était exposée au Mans Classic en 2012

2007 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue : 5 029,101 km

A partir de 2007, Audi trouvera en la personne des Peugeot 908 son meilleur ennemi, et un concurrent lui aussi motorisé en diesel. Derrière une Audi et une Peugeot, la Pescarolo 01 (châssis 005) à moteur essence termine sur le podium mais les équivalences semble laisser peu de chances aux adversaires des diesels. La Pesca est exposée chez Larbre Compétition près du circuit du Val de Vienne.

2008 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue : 5 192,650 km - Vitesse moyenne : 216,36 km/h

En 2008, les Peugeot sont rapides et s'adjugent les trois premières places sur la grille de départ. Les Audi s'installent dans une course d'attente et profitent de l'encrassement des radiateurs des 908 pour les déborder. En fin de course, les deux 908 survivantes font le forcing pour remonter sur l'Audi mais la pluie contrarie leurs plans et la plus proche échoue dans le tour.  La R10 TDI, châssis numéro 204, s'impose avec Rinaldo Capello, Allan McNish et Tom Kristensen, qui en est à sa huitième victoire! Audi a célébré cette victoire avec la voiture dans son jus au Mondial de Paris en 2008.

       

Au Mondial se trouvait (à priori) également la Peugeot 908 HDi FAP, châssis 005 qui a terminé deuxième. Dans une livrée différente, ce châssis a été proposé à la vente chez RM début 2014.

       

       

Troisième position pour le châssis 004, qui fut ensuite prêté à Oreca pour la saison 2010. C'est à l'occasion des 8 Heures du Castellet que je l'ai rencontrée, dans sa livrée Oreca.

2009 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue : 5 206,278 km

En 2009, la Peugeot 908 enregistre enfin un succès face à Audi, dont les R15 ne sont pas à la hauteur. La R15 sera la cause de la première réclamation officielle dans l'histoire des 24 Heures, Peugeot estimant illégaux des appendices traversant les ouvertures avant. Heureusement le résultat sans appel de la course rend la réclamation sans objet. Le châssis 908-06 vainqueur de l'épreuve avec Alexander Wurz, Marc Gene et David Brabham, qui devient le second Brabham à s'imposer sur une Peugeot au Mans, était présent au Salon de Genève 2014.

       

Sans surprise, on pouvait aussi la voir au Salon de Francfort 2009. Il aurait été dommage de ne pas aller narguer les allemands sur leurs terres.

       

2010  - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue : 5410.71 km - Vitesse moyenne: 225.44 km/h

En 2010, les Peugeot cassent leur moteur en cascade, laissant les R15+ réaliser un triplé et battre enfin le record de distance sur 24 Heures avec 5410 kilomètres. Le châssis R15-202 est le seul que j'aie vu avant sa participation aux 24 Heures, lors des 8 Heures du Castellet. Il est arrivé troisième en 2010.

2011 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue : 4838.30 km - Vitesse moyenne: 201,27 km/h

En 2011, c'est au tour d'Audi de vivre une première partie de course cauchemardesque avec les deux énormes accidents de McNish et Rockenfeller. Les 4 Peugeot 908 mènent la chasse à un train d'enfer mais la plus rapide échoue à 13 secondes de l'Audi R18 TDI. Les 24 Heures du Mans sont devenues un Grand Prix de 24 Heures où il faut rouler à fond en permanence et tenir la distance pour s'imposer.

Voici le châssis R18-106 qui a remporté cette course d'anthologie, pilotée par Benoit Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer, présenté au Salon de Francfort 2011. 

2012 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5 151,8 km

Début 2012, alors que le nouveau Championnat du Monde d'Endurance se met en place, Peugeot annonce brutalement l'arrêt du programme 908, suite à d'importantes difficultés financières. Audi se retrouve un peu seul, avec pour unique adversaire Toyota qui revient en endurance. La marque réalise un triplé, plaçant judicieusement ses nouvelles R18 e-tron quattro hybrides sur les deux plus hautes marches du podium. C'est le châssis 208 qui s'impose avec Benoit Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer comme l'année précédente. Il était présent au Mondial de Paris 2012.

2013 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 4742.892 km

En 2013, Toyota est de nouveau le seul adversaire d'Audi, en attendant le grand retour de Porsche en 2014. Toyota offre d'ailleurs une belle résistance, en intercalant une voiture sur le podium, à un tour derrière l'Audi R18 e-tron quattro châssis R18H-302 d'Allan McNish, Loic Duval et Tom Kristensen. La voici au Salon de Genève 2014.

       

Audi fait partie des constructeurs suffisamment riches pour se permettre de retirer de la compétition les châssis ayant remporté une victoire majeure. Cela se traduit par des voitures conservant les stigmates de leur course, ce qui est particulièrement appréciable pour montrer l'effort que ce genre d'épreuve représente. J'apprécie beaucoup ce genre de "blessures de guerre" qui montrent bien à quel point une course peut basculer à tout moment, même si la lecture du palmarès donne une impression de facilité . 

       

A Francfort en 2013, voici le châssis Toyota TS030 #13-02 qui a terminé deuxième.

2014 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5165.39 km

Même si les Toyota sont des concurrentes redoutables et remportent le Championnat du Monde d'Endurance sur la saison complète, l'expérience parle au Mans et c'est une nouvelle fois Audi qui s'impose. Deux Audi R18 e-tron quattro, la n°2 en tête, devancent une Toyota TS040 Hybrid. Voici l'Audi victorieuse, dont je cherche le numéro de châssis. Dans la série "Ne pose pas de question dont tu ne veux pas connaitre la réponse", j'ai envoyé un message à Audi Sport via Facebook pour leur demander le numéro de châssis et si la voiture exposée était la vraie vainqueur. La réponse a fait l'effet d'une douche froide: c'est juste une voiture d'exposition. Voilà où ça mène d'être trop perfectionniste. J'ai bien conscience que la meilleure façon d'être sûr à 100% est d'aller les photographier en piste mais ce n'est pas toujours possible. Bon, j'hésite sur la conduite à tenir mais pour l'instant je la laisse.

       

Et voici la Toyota, qui serait à priori 14-01.

2015 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5383.455 km

En 2015, Porsche réaffirme sa position de maitre du Mans en remportant une 17ème victoire. La 919 s'impose avec un équipage surprise: Hülkenberg, Bamber et Tandy: deux d'entre eux n'ont jamais couru au Mans et le troisième jamais en LMP1. Le 4 cylindres deux litres défait donc la motorisation diesel d'Audi.

       

La numéro 17 de Webber, Bernhard et Hartley s'adjuge la deuxième place.

       

Quant à l'équipage star d'Audi, Lotterer, Fässler et Tréluyer, il prend la troisième place mais établit aussi le tour en course le plus rapide de l'histoire des 24 Heures à 248.5 km/h de moyenne. Les Audi ont connu quelques problèmes techniques qui les ont empêché de tenir le rythme de Porsche survoltées.

       

2016 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5233.536 km

Le finish de l'édition 2016 est entré dans le mythe des 24 Heures en rappelant la cruauté de cette course sans pareille: après avoir dominé la course, la Toyota TS050 s'arrête sur la ligne lors de l'avant dernier tour, foudroyée par un problème technique. La Porsche 919 Hybrid de Marc Lieb, Romain Dumas et Neel Jani remporte un succès inespéré. Les trois grands constructeurs sont sur le podium: Porsche devant Toyota et Audi.

       

2017 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5001.843 km

Audi a jeté l'éponge, laissant Porsche et Toyota s'expliquer. Hélas pour la marque japonaise, les TS050 connaissent de gros problèmes. Les Porsche ne sont pas épargnées, la 919 Hybrid de Timo Bernhard, Brendon Hartley et Earl Bamber sauvant l'honneur des LMP1 en reprenant la tête de la course à une heure de la fin et empêchant les Oreca 07 du Jackie Chan Racing de réaliser un exploit historique. 

2018 - Longueur du circuit : 13,629 km - Distance parcourue: 5288,052 km

Pour l'édition 2018, Toyota reste le seul grand constructeur en lice, après le retrait de Porsche. La marque japonaise gère la pression et parvient à remporter enfin la victoire tant attendue. La TS050 de Buemi, Nakajima et Alonso s'impose

       

devant l'équipage Conway, Kobayashi et Lopez

La troisième place revient à l'écurie privée Rebellion Racing, avec la R13 confiée à Thomas Laurent, Gustavo Menezes et Mathias Beche.

Voilà, j'espère que cette page s'enrichira régulièrement de nouvelles entrées. J'ai essayé d'être rigoureux mais j'ai découvert des erreurs dans des reportages précédents en écrivant celui ci. Prenez donc tout ça avec circonspection, et s'il y a des erreurs, elles sont de mon fait uniquement. N'hésitez pas à me les signaler.

Vous aurez compris qu'en dehors des expositions dédiées, le mieux est d'assister au Mans Classic et aux grands salons européens, ainsi que de visiter les musées des constructeurs. Une visite au Musée du Mans devrait déjà me permettre d'ajouter quelques lauréates, tout comme le fait d'assister à la course évidemment. C'est un peu frustrant de ne pas pouvoir montrer certaines voitures marquantes comme les Art Cars, ou les vainqueurs de catégories mais je n'ai pas envie de me lancer dans une encyclopédie surdimensionnée (trop tard?). Par contre, j'élargirais bien le concept à d'autres courses mythiques comme les Mille Miglia, la Targa Florio et la Carrera Panamericana. Ce qui serait assez vite fait. En plus en parallèle de ce reportage, j'ai identifié toutes les GT40 (29), Type C (13), Type D (18), XKSS (5), McLaren F1 (13), DBR-1 (3), DB3S (8), DB4 Zagato (6) et Maserati de course (>100) que j'ai croisées donc il y a moyen de faire des compils si besoin (sans compter les Ferrari qui sont toutes suivies à la trace bien sûr). A suivre donc! Manifestez vous si ça vous intéresse!

Pour terminer, ma source principale pour trouver les numéros de châssis de ce reportage a été l'énorme base du site racingsportscars. Au niveau littérature, je ne saurais trop vous conseiller L'encyclopédie Des 24 Heures Du Mans en 3 volumes par Christian Moity, Jean Marc Teisserdre, Alain Bienvenu et Michel Bonté.



Pour les Porschistes et Ferraristes, les très bons Porsche au Mans et Ferrari au Mans de François Hurel. Attention, les Ferrari au Mans sont aux éditions Le Mans Racing dont la santé ne semble pas florissante.

           

24 Heures Au Mans 1923 - 2010 de Philippe Joubin, revient sur les 24 éditions les plus marquantes de la course, illustrées par les archives de l'Equipe. Idéal pour débuter.



Pour les fanatiques, les annuels de Jean Marc Teisserdre et Christian Moity, dont les anciennes éditions sont des collectors.



Et pour les anglophones, Le Mans, the official history of the World's greatest Motor Race, 5 volumes couvrant cinq décades de 1949 à 1999, par Quentin Spurring.

               

Enfin, Racing in the Rain: Engineering Victories with Aston Martin, GT40 and Porsche 917 par John Horsman. Un livre indispensable, une plongée passionnante aux coté des John Wyer et du Gulf Racing Team, qui raconte la mise au point des 917, GT40 et autres Mirage.


 

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