Retour

Ouf, çà fait du bien de se dégourdir un peu les objectifs après un mois et demi de repos. Je crois que j'avais déjà mentionné qu'un fidèle lecteur, Sylvain, m'avait proposé de visiter le Musée Peugeot en sa compagnie, histoire de parler voitures et photo. Ne connaissant pas ce Musée pourtant distant d'à peine 80 kilomètres, j'ai accepté avec plaisir. Puis après réflexion, je me suis dit qu'il serait intéressant de passer d'abord la matinée à la concession Affolter de Porrentruy qui n'est pas très éloignée. A peine ces dispositions prises, coup de théâtre: lundi je reçois un message m'indiquant qu'une Reventon Roadster est arrivée à la concession et qu'elle va sûrement partir jeudi au plus tard. Sylvain n'est pas dispo donc je scinde finalement la sortie prévue en deux voyages. Mercredi à midi, me voilà parti pour la Suisse.  

J'entre dans le showroom en scrutant le lieux avec un peu d'anxiété mais la belle est bien là ... sous bâche.

Bon, je vais commencer par faire un tour des lieux où je crois déceler pas mal de nouveautés depuis ma dernière visite qui date déjà d'un an. Deux tendances fortes se détachent au premier coup d'œil: le mat et les roadsters; vous allez voir. On commence par une couleur particulièrement originale sur cette Gallardo GTR (kit Affolter comprenant notamment de nouveaux boucliers avant et arrière): le bleu mat. Je dois dire qu'avec les jantes foncées, le résultat est plutôt attractif.

       

En bas des marches, une Gallardo Spyder noir mat. J'accroche moins au liseré rouge mais c'est une histoire de goûts.

Puis deux autres Gallardo: une GTR et une Superleggera respectivement gris mat et orange mat.

       

Mais les plus surprenantes sont sans doute ces deux Diablo revêtues elles aussi de la livrée anti-reflets. Ca fait bizarre sur des modèles plus anciens. Une SV

       

et une Roadster.

       

Roadster encore avec cette Murcielago Roadster GTR gris mat.

       

Les kits GTR Affolter pour les Murcielago se font plutôt discrets avec juste une petite modification au niveau des entrées d'air du bouclier avant. Cà le fait bien. Le diffuseur arrière fait également partie du kit.

       

Et ici on a bien compris l'avantage que l'on peut trouver à la nouvelle nomenclature des noms des modèles, quitte à lui donner un effet rétroactif avec l'apparition de LP 500-4 ou LP 520-4. Après tout, pourquoi pas?  

Toujours pas de toit pour ces deux LP640: une jaune et une blanche

       

Le blanc qui reste tout de même à l'honneur sur les modèles récents comme ces Gallardo et LP560 Spyder

       

ou cette LP670 SV.

       

Du noir aussi

Les classiques ne sont pas en reste,

avec cette Islero 400 GTS Or Métallisé

et cette Countach 25ème anniversaire grise que je n'avais encore jamais vue

à coté des deux autres qui sont des pensionnaires plus anciennes.

       

On voit bien le contraste entre les tendances: ici cette Diablo 35ème anniversaire avec son orange pétant soooo last century !!! et en face cette Gallardo avec sa peinture mat soooo new millenium !!!

       

Les Lamborghini sont teeeellement fashion victim (avant même d'être habillées par Versace). Mais c'est pour çà qu'on les aime.

   

D'ailleurs, la lignée des Diablo est plutôt colorée.

En fait, Affolter est sans doute l'un des endroits où l'on peut trouver les perspectives les plus impressionnantes.

       

       

Je tourne maintenant depuis près d'une heure dans le hall quand on me propose très gentiment de débâcher la Reventon. Ca tombe bien, j'allais oser le demander. Voici donc la petite merveille, au centre de toutes les attentions. Elle est un peu plus foncée que dans mes souvenirs mais je peux me tromper, l'éclairage étant différent.

       

Quand la Scuderia 16M a été annoncée, j'avoue que j'étais très dubitatif mais tous les commentaires ont été dithyrambiques sur les sensations provoquées par l'absence de toit et ses conséquences sur la perception acoustique de la bête. Je suppose donc que la version Roadster de la Reventon peut également se justifier à ce niveau là.

       

A l'image du coupé, elle est vraiment très impressionnante. J'ai beaucoup plus de latitude pour tourner autour qu'à Francfort mais çà reste tout de même du showroom donc les photos ne sont pas forcément extraordinaires, surtout face aux vitres. 

       

Je n'ose imaginer l'émotion que peut provoquer ce genre de monstre dans la rue. L'arrière fait quand même massif.  

       

Le moteur dissimulé sous ce capot torturé est celui de la LP 670 et développe donc 670 chevaux.

       

Il est conseillé de sa garer loin des trottoirs pour éviter d'endommager les jantes et leurs placage en carbone

       

Leds bien sûr au niveau des phares, avec ces étonnants et minuscules points au dessus de l'optique avant. Intrigant.

       

Je prends le temps de faire une revue de détails.

       

       

Notamment des nombreux angles

       

       

       

Ce qui me révèle certains points étonnants. Après Francfort, certains sites annonçaient une production de 20 exemplaires, d'autres de 10; finalement il semblerait que ce soient 15 voitures qui soient prévues mais Lamborghini a sagement décidé de ne pas les numéroter, on ne sait jamais. Franchement les vis qui fixent la plaque ont l'air de sortir de mon garage mais bon.

L'habitacle est également surprenant, avec une clé de contact sur une colonne de direction qui parait être en bon vieux plastique et ce morceau de cuir qui dépasse de la console d'instrumentation en carbone, on se demande bien pourquoi. Très honnêtement sur une voiture qui explose allègrement la barre du million d'euros (hors taxes, on doit frôler les deux millions de dollars ou pas loin), c'est pour le moins curieux. Bugatti a montré qu'une voiture extrême à diffusion limitée pouvait se vendre au delà du million et depuis de nombreux constructeurs ont flairé la bonne affaire, de Pagani (Cinque) à Aston Martin (One-77) en passant par Lamborghini mais les premières m'ont tout de même paru mieux finies que la Reventon. 

Enfin, çà c'est l'affaire de l'acheteur. Il n'empêche que pour le simple spectateur, la Reventon reste une des voitures qui dégage le plus d'agressivité, voire même de menace (sans trucage).

Certains face à face prennent des airs de règlement de compte à OK Corral (-> air d'harmonica connu).

Vers 15h30, je suis repu. Je pourrais rester encore une bonne heure pour être totalement exhaustif mais les baies vitrées rendent les photos trop périlleuses (sauf à attendre la nuit ce qui serait envisageable en hiver mais bon) et j'ai vu ce que j'étais venu voir. Je reprends la route satisfait et je remercie l'équipe Affolter pour sa gentillesse et sa disponibilité, comme d'habitude. Vivement les prochaines portes ouvertes !

-----------------

Lundi, c'est la deuxième partie du programme. Je ne sais pas du tout ce que je vais trouver au Musée Peugeot, ni ce qui sera digne de figurer dans ces pages habituellement réservées aux marques les plus prestigieuses. On va bien voir. Je fais la route sous un temps exécrable pour arriver à Sochaux vers 13h50. Deux ancêtres sont là pour accueillir les visiteurs devant une rotonde en fer forgé qui compense parfaitement l'austérité du batiment.

       

Sylvain est déjà là et nous faisons connaissance avant de pénétrer dans le Musée. La visite se fait dans un sens chronologique. L'entreprise familiale Peugeot a été fondée en 1810, l'année prochaine sera donc celle du bicentenaire. Evidemment à l'époque pas question d'automobiles qui n'arriveront qu'en 1891. Même le lion n'est apparu qu'en 1858. La famille Peugeot a commencé dans la transformation de coton pour vêtir les soldats de Napoléon 1er avant de s'orienter vers la sidérurgie puis les lames de scie. Le Musée propose d'ailleurs de découvrir de nombreux objets sans aucun rapport avec l'automobile mais c'est cette dernière qui nous intéresse avant tout, n'est ce pas?  Commençons par un petit clin d'œil à la marque presque voisine: Bugatti avec cette Bébé Peugeot de 1913 dont le 4 cylindres de 850 cm3 et 10 chevaux a été conçu par Ettore Bugatti en personne. La petite Bugatti électrique a d'ailleurs été offerte par Ettore à Jean Pierre Peugeot pour son fils Roland pour célébrer cette collaboration.

       

La première chose qui frappe en parcourant les allées du Musée est le très grand soin apporté à l'environnement des voitures. Réverbères, mosaïques, pompes à essence, tout est nickel, avec même une très belle reconstitution d'un atelier de mécanique avec bande sonore: on s'y croirait.

       

       

Puisque je parlais de Bugatti, Peugeot semble aussi avoir sa version de la Royale, avec un lion majestueux et énorme en lieu et place de l'éléphant de la firme de Molsheim. Cà en jette.

       

       

En tout cas ce lion est beaucoup plus impressionnant que la version manga hydrocéphale visible sur un autre modèle. J'espère juste que c'était du second degré.

Sylvain me sert de guide tandis que je lui fais découvrir quelques unes des spécificités intéressantes des appareils Reflex. Un échange de bons procédés en somme. Surprise, il existait aussi en 1927 des Peugeot de Bad Boys à l'image de cette Type 177 full black.

Ici, une acquisition récente que le Musée a pu se permettre en se séparant aux enchères de quelques modèles, une type 601D Coupé Transformable de 1935, l'ancêtre de tous les Coupés Cabriolets actuels qui n'ont finalement rien inventé. Seule réserve, elle est affreusement mal placée pour être prise en photo. Dommage. Seuls 21 exemplaires ont été produits.

       

Nous passons ensuite rapidement dans les travées réservées au cycles et aux voitures d'après guerre pour aboutir à la partie réservée aux véhicules de compétition. C'est celle qui m'intéresse le plus et celle où la lumière est la plus catastrophique. Tant pis. Commençons par cette WM P80 (du nom de Welter et Meunier, ses parents) qui participa aux 24H du Mans en 1981 où elle se classa 13ème au général. Elle n'est pas forcément très belle mais son V6 de 2.6L et 500 chevaux la propulse tout de même à 360 km/h.

       

Autre vétéran du Mans, 1966 cette fois, cette CD porte les initiales de Charles Deutsch, l'ingénieur aérodynamicien qui dessina la carrosserie qui dissimulait un moteur de 204 développant 103 chevaux. D'un autre, coté, la belle ne pesait que 750 kilos.

       

Le Mans toujours, en 1937 cette fois. Trois 302 Darl'mat furent engagées avec des moteurs de 73 chevaux (de 402) autorisant une vitesse de pointe de 170 km/h. Les trois voitures sont à l'arrivée aux place N° 7, 8 et 10.

Poursuivons la visite avec cette étonnante 404 diesel conçue pour mettre en valeur l'endurance du moteur Peugeot et qui battit pas moins de 40 records internationaux à Montlhéry entre le 04 et le 14 juin 1965, dont un parcours de 72 heures réalisés à 161.5 km/h de moyenne. On pourra s'amuser de voir le pilote enfermé dans une bulle très aérodynamique au dessus d'une calandre verticale. Les souffleries restaient indéniablement à inventer mais le look de cette 404 ne devait pas manquer de produire son effet à l'époque.

       

Entre 1978 et 1981, les Coupés 504 V6 firent triompher la marque au Lion sur toutes les pistes d'Afrique: Kenya, Zaïre, Côte d'Ivoire, Bandama... Et quelle gueule !

       

Comment imaginer un Musée Peugeot sans les stars poids lourds de la marque en compétition, les mythiques 205 Turbo 16 Groupe B (Championne du Monde en 1985 avec Timo Salonen et 1986 avec Juha Kankkunen) et la 405 Turbo 16 (Vainqueur du Paris Dakar en 1989 et 1990 avec Ari Vatanen). Ne manque que la 405 Pike's Peak mais l'exposition est tournante et cette dernière doit se trouver tranquillement dans la réserve en attendant son tour.

       

Cette étrange "sculpture" a été réalisée par César à partir des restes de deux 205 Turbo 16 accidentées en Argentine. Euh... bon.

On arrive dans le plus récent avec cette 206 WRC qui offrit le titre de Champion du Monde des Rallyes à Peugeot de 2000 à 2002, et la 307 WRC, qui eut moins de succès.

       

Retour au Mans avec l'un de mes coups de cœur du Musée, la 905, ou plutôt "les" puisqu'il y en avait deux aujourd'hui. Ici celle qui a remporté les 24 Heures en 1992 avec Yannick Dalmas, Mark Blundell et Derek Warwick sous les couleurs de Peugeot Talbot Sport, numéro de châssis EV 1.7. Derrière elle le trophée de 1993 et à coté un V10 3 litres de Formule 1, pas le 3.5 litres des 905 donc.

       

La seconde a couru en 1993 avec Mauro Baldi, Philippe Alliot et Jean Pierre Jabouille, terminant à la troisième place derrière deux autres 905. Néanmoins, lors de la course elle portait le numéro 2 et non le numéro 1 comme ici. Les deux voitures sont des versions Evolution 1 bis aux phares arrondis. Il semblerait qu'il s'agisse ici du châssis EV 1.4 que Peugeot a tenté de vendre en juin lors de la vente aux enchères Artcurial mais la meilleure offre de 700 000 euros a été jugée insuffisante. EV 1.4 a cependant une victoire a son palmarès en Championnat du Monde des Sports Prototypes à Suzuka en 1991, alors qu'elle était encore dans sa version à phares triangulaires. Ce paragraphe m'a pris à lui seul plus de temps à rédiger que tout le reportage sur le Musée car les numéros de série des Peugeot, fussent elles de compétition, sont loin d'être aussi bien documentés que ceux des Ferrari et l'écheveau n'a pas été facile à démêler. Une recherche qui a tout de même été aussi intéressante que passionnante même si je ne suis pas sûr du résultat car j'ai aussi lu que la 905 3ème au Mans en 1993 serait EV 1.6. Le mystère plane. 

La visite se termine par une exposition temporaire sur les concept cars, avec d'abord cette Z9, étude de style visant a préparer l'éventuelle commercialisation d'un coupé sur base de 607. Etudiée en 2002, elle aurait devancé la superbe Mercedes CLS de deux ans. Trop tôt ou manque de courage? La Z9 n'a même jamais été présentée dans un Salon de l'Auto.

Second coup de cœur du Musée pour cette 907, avec son empattement très court (2m50) et son très long capot. Pour une fois, les immenses optiques Peugeot sont en harmonie avec le design de la partie avant. Le concept car respire la sportivité avec ses ouïes et ses échappement latéraux.

       

Sans oublier le V12 constitué de deux V6 de 407 assemblés pour une cylindrée de 6 litres et une puissance de 490 chevaux. Une pièce d'orfèvrerie qui s'exhibe fièrement à travers une bulle transparente. L'expérience était sans lendemain, ce qui est fort dommage. La marque aurait peut être pu downgrader (oups) le concept en un espèce de Chrysler Crossfire mais bon.

En 2000, Peugeot avait lancé sur internet un concours de design "Dessinez votre Peugeot en 2020" et la marque a fabriqué les projets les plus originaux. Telle cette navette spatiale à roues baptisée opportunément Moonster et dessinée par un Yougoslave lauréat de la première édition du concours en 2001. La Moonster est confectionnée en feuilles d'aluminium formées à la main par le carrossier Lecoq sur un châssis auto-porteur en carbone. 

Le deuxième concours a consacré le projet d'un Allemand: la 4002 dans un thème très rétro-futuriste (le thème du concours) s'inspirant de la 402. Vraiment superbe.

Le vainqueur du quatrième concours (qui a eu lieu en 2007) est Roumain, et il a remporté à 20 ans la victoire grâce au design de la Flux. Design épuré, propulsion par pile à combustible, éclairage par leds, la voiture est en phase avec son époque.

Le Hoggar, présenté en 2003 est lui un buggy de l'extrême motorisé par deux moteurs 4 cylindres 2.2L HDI de 180 chevaux transmettant chacun sa puissance au train roulant sur lequel il repose, pour une puissance cumulée de 360 chevaux. Un vrai dragster au look très séduisant.

Egalement présenté en 2003, l'Elixir avait pour but de préparer l'arrivée de la nouvelle 407. Le pavillon en verre sur toute la longueur était plus crédible que les jantes de 21 pouces.  En tout cas tous les concept cars présentés au Musée font partie des plus séduisants.

Le Musée est en cours d'extension pour accueillir les gammes plus récentes mais pour l'instant le tour est assez vite fait, surtout quand on zappe des travées entières. Après un peu plus d'une heure de visite, nous allons au bar du Musée pour avoir une agréable discussion entre passionnés autour d'un verre.

Je tiens a remercier Sylvain de m'avoir suggéré la visite de ce Musée et de m'avoir accompagné. Plus c'est près et moins on y pense. Qui plus est je ne serais pas forcément venu de ma propre initiative mais j'ai découvert des choses vraiment intéressantes au niveau des voitures de compétition et des concept cars. Une très bonne après midi donc, avec à la clé la connaissance d'une personne très sympathique. Entre Porrentruy et Sochaux, je suis allé au circuit de la Bresse pour le Téléthon et à Genève pour spotter un peu. Ce sera l'objet de la prochaine mise à jour, sans doute la dernière de l'année.

PS: ceux qui veulent un aperçu plus exhaustif du contenu du Musée peuvent consulter l'album de Pierre par ici.

Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt

Retour