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Cette fois je sais que je dépasse les bornes. Jamais jusqu'à maintenant je n'étais parti en déplacement pendant une semaine entière, même lors du voyage en Floride pour le Cavallino Classic. Certes, l'évènement est exceptionnel: le rallye anniversaire des Ferrari 250 GTO puis Le Mans Classic. Mais comme mon épouse me l'a fort justement fait remarquer, c'est toujours "exceptionnel". Et pourtant, je suis de bonne foi, promis! Les XX sur la Nordschleife ou à Spa, exceptionnel! L'exposition Ralph Lauren, exceptionnel! Le Maranello Road Trip, l'essai de la FF à Obernai, le Louis Vuitton Classic Serenissima Run... extraordinaire, magique! La passion de l'automobile n'est pas avare de sensations fortes, pour le malheur de madame. Impossible de dire où l'anniversaire des GTO se situera parmi les évènements précités mais ce qui est sûr, c'est que ça fait plus de sept ans que je l'attends. Depuis que j'ai réalisé que le rallye du quarantième anniversaire était passé à mon insu à trente kilomètres de chez moi. Le quarante cinquième anniversaire était un peu loin, au milieu des vignes de Californie. Je pense donc que l'on peut qualifier cet évènement d'exceptionnel, non?

Depuis dix ans, bien des choses ont changé: internet et les réseaux sociaux ont structuré le monde de spotters et créé de nombreuses vocations, facilitées par l'accessibilité grandissante de réflex performants. En clair, être tranquille devient de plus en plus compliqué pour les propriétaires qui pourraient parfois, à juste titre, avoir l'impression d'être pourchassés. Il faut donc s'attendre à l'avenir à des évènements de plus en plus verrouillés. McLaren en a été une parfaite illustration, mettant une grosse pression sur les participants aux vingt ans de la F1 pour éviter les fuites, ce qui a d'ailleurs remarquablement bien fonctionné, hélas. Du coté des GTO, même topo: les informations sont incroyablement rares et difficiles à trouver. Il est de notoriété publique que les voitures vont faire un passage au Mans Classic pour tourner sur le grand circuit vendredi de 16h50 à 17h20 et probable qu'elles soient exposées à Gueux le jour du départ, mardi. En définitive je décide de partir dès lundi pour aller fouiner un peu du coté d'Epernay et de Reims au cas où certaines voitures arriveraient la veille, ainsi que pour être frais et dispo sur le terrain dès le lever du jour (comme d'habitude). Pour résumer, au moment de partir, j'ai une chambre d'hôtel pour la nuit de lundi à mardi, quelques pistes pour le départ puis un grand flou jusqu'à vendredi. A coté de ça, les infos sur le Serenissima Run étaient abondantes et claires.

Lundi matin, je pars tranquillement vers 10h00, rien ne me presse à priori. Vers 14h00, j'approche de Reims et décide de faire un premier passage au niveau du circuit de Gueux pour découvrir les infrastructures survivantes que j'ai souvent vues en photo. Les voilà, au bord d'une ligne droite assez fréquentée. D'un coté, trois tribunes aux noms évocateurs (Robert Benoist, Raymond Sommer, Jean Pierre Wimille), de l'autre, les stands et le bâtiment de chronométrage.

       

Le circuit fut utilisé pour la première fois en 1926 pour le deuxième Grand Prix de Marne organisé par l'Automobile Club de Champagne. Il était alors constitué de trois longues lignes droites empruntant la RN31, la CD26 et la CD27, ainsi que de trois virages: Gueux, La Garenne et La Bonne Rencontre. En 1952, le tracé du circuit a été significativement changé pour contourner le village de Gueux. La longueur du tracé, en forme de quadrilatère, a été portée à 8,347 kilomètres. Le circuit a été utilisé pour la dernière fois par des Formule 1 en 1966 et la dernière compétition (Championnat de France de moto) s'est déroulée le 11 juin 1972, année de la fermeture définitive à la suite de problèmes financiers insurmontables. Il aura tout de même accueilli onze Grand Prix de France de Formule 1.

       

Aujourd'hui les locaux semblent laissés à l'abandon mais ils sont en réalité dans un état de propreté absolument étonnant. Ce qui n'est pas un hasard car l'association 1901 "les Amis du circuit de Gueux" semble très active. Il n'empêche que je n'ai vu aucun graffiti ni vandalisme, ce qui est en soi un véritable exploit (quand on sait qu'un cimetière militaire a été vandalisé à quelques kilomètres par des abrutis alcoolisés trois jours plus tard).



L'héritage est donc parfaitement préservé, une particularité à l'heure où tous les circuits encore en activité ont bien entendu rasé les stands d'époque pour construire des bâtiments modernes. Je dois dire que j'ai été impressionné par cet aspect hors du temps. Dommage que le Week-end de l'Excellence Automobile doive cesser son rassemblement annuel faute de financement.

       

Je reprends la route pour essayer de trouver le point de départ des voitures. Il y a plusieurs possibilités: la Briqueterie de Vinay, le Château de Saran, l'Orangerie et l'abbaye de Hautvillers. Je me dirige vers Vinay, qui est le plus abordable par la route pour l'instant. Je suis vraiment en mode touriste: je m'arrête près de cette abbaye sympathique, plantée au milieu des vignes. Voici d'où viendra la prochaine cuvée de champagne.

       

A l'approche de l'hôtel, l'ambiance change brusquement. Quatre camions de transport sont garés le long de la route et l'un d'eux est en train de décharger.

Je trouve rapidement un espace où poser l'auto derrière le bâtiment: une autre voiture vient de descendre d'une remorque. Il s'agit de 3505GT, celle qui aurait changé de mains tout récemment pour la somme (supposée? fantasmée?) de 35 millions de dollars. C'est Craig McCaw qui en a pris possession.

       

Elle est magnifique dans cette livrée vert pâle. Je ne referai pas ici l'historique de chaque voiture mais attendez vous avant la rentrée à voir arriver une grosse mise à jour de la page spéciale consacrée aux 250 GTO que j'ai vues. Le chiffre devrait faire un bond appréciable.

               

Pendant que je la mitraille, deux hommes engagent la conversation. Je ne sais pas s'il s'agit de conducteurs du camion ou de riverains mais ils ont l'air d'avoir leurs habitudes. Ils m'entrainent vers le garage de l'hôtel, que je n'aurais pas osé fréquenter seul. Et ça aurait été dommage car il y a déjà huit voitures à l'intérieur.

       

Une vraie caverne d'Ali Baba. Difficile de retranscrire ce que l'on peut ressentir devant un tel spectacle, c'est Noël. Le plus beau de tous les Noël. Voici 4713GT, la seule 250 GTO à porter une carrosserie de 330 LMB.

       

       

Ici 4091GT, une des quatre GTO 62 à porter une carrosserie 64 (et ce dès décembre 1963), ce qui je le reconnais ne facilite pas la tâche aux néophytes. Elle appartient à Peter Sachs depuis 30 ans, et a participé à chacun des sept rallyes organisés pour l'anniversaire de la voiture (le premier célébrant les 20 ans).

       

       

Une nouvelle candidate vient s'ajouter, il s'agit de 3451GT. Elle porte bien le numéro 86 de la Targa Florio mais pas ses couleurs de l'époque: brun foncé avec le toit blanc. Elle a appartenu à Jean Claude Bajol qui a participé à son volant aux deux premiers anniversaires, avant de passer en 1996 entre les mains de Lawrence Stroll, l'homme qui possède la dernière 330 P4. Elle n'aura raté que le trentième anniversaire.

       

       

Voici 3943GT, propriété de Charles Nearburg, qui a revêtu avant la Villa d'Este sa livrée des 1000 kilomètres de Montlhéry 62.

C'est juste fou.

       

Un petit tour au dehors me montre que trois autres voitures sont déjà en attente.

       

Parmi lesquelles 3445GT, aux couleurs de Ulf Norinder, propriété de Chris Cox,



3413GT, une 62 recarrossée en 64, qui appartient à Greg Whitten



ainsi que 3387GT de Bernie Carl, que je suis vraiment très content de rencontrer, comme tous les exemplaires à la livrée atypique d'ailleurs.

           



3505GT se dirige à son tour vers le garage.



On me prête un boitier 5D MkII. C'est la première fois que j'ai en main un full frame. Le 17-40 monté dessus devient donc équivalent à un 10mm sur un APS-C comme le 7D. Le piqué est impressionnant mais la distorsion est importante dès 17mm. Je ne suis pas sûr d'être prêt à passer à ce genre de matériel immédiatement, d'autant que cela signifie un recul de plus de 40% sur les zooms. C'était marrant de faire le test en tout cas.



3505GT est arrivée. Les 250 GTO étant livrées d'origine sans compteur de vitesse, il n'est pas rare que celui ci soit ajouté après coup, comme ici derrière le levier de vitesse. Et vous pouvez également apercevoir les tubes qui sont censés apporter de l'air dans l'habitacle, et qui ont disparu sur pas mal de voitures aujourd'hui.

       



Les mécaniciens procèdent aux dernières vérifications.



En plus, le garage a un certain cachet, ce qui ne gâte rien.

       

       

Je suis resté un long moment dans ce local. Pour moi, ça a été le moment le plus fort de tout le Tour: parce que c'était totalement inattendu d'abord, et parce que quand on est passionné, on ne se remet pas facilement de se trouver dans une pièce avec onze Ferrari 250 GTO.  Je trouve même une échelle qui me permet d'accéder à une mezzanine et d'avoir une vue plongeante sur les joyaux. 

       



Je ressors pour une petite revue de détails.

       

       

A l'extérieur, une nouvelle arrivante. On est loin du transport en camion cette fois. D'ailleurs il y a un piège, celle ci est 4561SA, une 330 GTO et non une 250 GTO comme ses sœurs.

       



Et voici l'ouvreur du rallye, Grégory Noblet au volant de sa 275 GTB.



4757GT descend elle aussi d'une remorque. Elle porte encore les stickers du mémorable Serenissima Run.

       

Tom Price vient donc enrichir un alignement extérieur déjà impressionnant.

       

Logiquement, la météo n'annonce pas de neige sur la France pour la semaine, ce sera donc plus calme que le Col de Vars.

       

Voici les voitures qui encadreront le convoi.



Je reviens un moment dans ce fascinant garage. Toujours sur le même mode: respect, discrétion, voire effacement. Les propriétaires et mécaniciens qui s'occupent des voitures ne prennent pas ombrage de ma présence.

       

               

       

Sous ces bâches se trouvent les voitures de Sir Anthony Bamford, qu'il me tarde de découvrir: 4399GT, un modèle 62 recarrossé en 64 aux couleurs de Maranello Concessionnaires et 3767GT, dans le traditionnel vert de David Piper.



Evidemment Brandon Wang et 4219GT sont de la partie, en tout cas pour le départ.

       

Tout devient calme. Il semble manquer encore quelques voitures mais elles arriveront sans doute demain matin.

       

       

Il est temps de rejoindre l'hôtel et de se reposer un peu. La journée a été belle et totalement inattendue mais demain, les choses sérieuses commencent.

       

Mardi matin, j'arrive à l'hôtel vers huit heures pour profiter encore un peu des voitures. Comme la 330 GTO par exemple.



Voici 4091GT qui sort du garage,



et qui se heurte à la remorque contenant 5573GT.

Celle ci est une véritable GTO 64 qui appartient à Pierre Bardinon. Même si elle a participé à plusieurs anniversaires en France, j'avoue que je n'étais pas du tout sûr qu'elle vienne. C'est donc une très bonne nouvelle si l'on considère le peu de sorties effectuées par les voitures de la fabuleuse collection Bardinon ces dernières années.



C'est à ce moment là qu'arrive l'organisateur qui demande à tous les photographes de quitter les lieux: d'un coup le rallye s'annonce beaucoup plus dur. Je bats donc en retraite de l'autre coté de la route. Petit à petit, une douzaine de personnes se rassemble: c'est peu mais impressionnant tout de même une fois en paquet. La matinée va tout de même être sauvée car plusieurs voitures vont sortir, pour effectuer quelques essais routiers ou peut être mettre de l'essence, comme 3451GT.



Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est animé mais il se passe de temps en temps quelque chose tout de même. Ici le retour de 4091GT

       

puis celui de 3451GT.

       

Les départs s'enchainent: 4713GT,

       



puis 3943GT

Tout au long du périple à venir, je serai frappé par l'état mécanique des voitures: elles démarrent au quart de tour et tournent comme des horloges. Cette photo de 3387GT ne doit pas vous abuser, il s'agit d'un symptôme normal. En effet, les soupapes n'ont pas de joints, ce qui laisse passer plus d'huile , mais a l'avantage d'éviter l'usure des guides de soupapes.

       

3505GT part dans la direction opposée à toutes les autres. Il y a de fortes chances qu'il s'agisse de la toute première prise en main par son nouveau propriétaire.

       



Elle revient peu après,

       

devançant de peu les autres "évadées".

       



Depuis la grille de l'hôtel, il est au moins possible de photographier la vert pâle. C'est toujours ça.

       

Voici 3729GT, la voiture de Jon Shirley.

       

Son absence est de courte durée.

       

En attendant, les mouvements, il faut s'occuper, quitte à prendre et reprendre la même photo. Ou des variations.

       



Celle ci n'était pas sortie par contre! Elle a du être déchargée à distance et arrive par la route. Il s'agit de 5571GT, la deuxième véritable GTO 64. Elle appartient à Bruce McCaw.



3445GT arrive à son tour.

       

On dirait que ça va être le rallye des carrosseries 64. Il ne va pas en manquer beaucoup: deux, la troisième véritable 64, 5575GT et l'ex-Chris Evans, maintenant propriété de Jean Pierre Slavic.

       

       

Avec tout ça, j'ai failli louper complètement cette Vanquish qui passe par hasard.



Un des photographes est parti plus loin sur la route, ou celle ci fait un léger dos d'âne. Je décide de suivre. Le résultat est très acceptable.

       



Evidemment, entre collectionneurs les plus prestigieux au monde, un peu d'émulation est de rigueur. Ainsi, deux propriétaires sont venus avec leur hélicoptère. Ils se posent dans un champ derrière l'hôtel.

       

Il est d'ailleurs l'heure de déjeuner. La cour se vide. Tant mieux, sauf pour ces piquets rouges et blancs qui sont évidemment placés devant les autos.



Heureusement, l'un des vigiles accepte gentiment de les déplacer pendant quelques minutes.

       



L'attente devant l'hôtel et la journée d'hier ont permis de glaner quelques informations sur la suite du programme. Je prends donc la route pour devancer les voitures sur le trajet vers le circuit de Gueux. La 275 et la 330 GTO ouvrent la route,

       



précédant Sir Paul Vestey, avec 4115GT

       

 Peter Sachs et Brandon Wang.

       

Puis viennent les deux voitures de Sir Bamford, qui sont bien parties pour rester ensemble sur tout le parcours.

       

       

Il est rapidement évident que les photos de groupe seront plus intéressantes que les photos d'une voiture isolée. Il va falloir essayer d'œuvrer dans ce sens. Ed Davies et 3705GT sont en tête du convoi.

       



Il faudra aussi varier les points de vue. Sprint jusqu'à la voiture et en avant vers le prochain spot prometteur. Celui ci est situé dans un virage, en bordure d'un cimetière militaire.



Un signe encourageant: même si les organisateurs et la sécurité ont l'air tendus, les participants sont quant à eux détendus et ne semblent pas prendre ombrage de la présence de photographes sur le bord de la route. Tant mieux. Voici 3607GT avec le numéro 7.

       

       

       

       

Ca commence à faire un moment que les premiers sont passés. Je reprends la route vers le circuit. Je repère un endroit magnifique pour le retour qui se fera par la même route. La route devant les tribunes a été fermée par les gendarmes. Je me gare à quelques centaines de mètres et fonce à pied vers la silhouette désormais familière des stands.

       

L'endroit est libre d'accès et il y a un peu de monde. Tiens, une intruse.

Les voitures sont garées en épi le long des stands.

       



L'affluence empêche de prendre une photo de groupe acceptable,



même depuis le haut du bâtiment. Un arrêté en interdit l'accès mais les gendarmes présents semblent tolérants.



Le point de vue est tout de même intéressant.

               

       

       



Au bout d'une demi heure environ, c'est l'heure de la photo de groupe, tout le monde doit reculer contre les grillages pour laisser le champ libre. C'est là que je fais une erreur regrettable: je ne sais pas pourquoi j'ai privilégié le zoom pour faire la photo alors qu'il semble naturel de la faire au grand angle. En fait, l'un des cerbères a pété un câble et insultait quasiment les gens qui ne reculaient pas assez vite à son goût, au point que l'un des propriétaires est venu le calmer en lui rappelant qu'il n'y avait là aucun problème de sécurité. Un incident à l'image du rallye: une organisation et des vigiles en sur-stress et des proprios plutôt cools. Du coup, j'ai reculé le plus loin possible au fur et à mesure qu'il repoussait les gens et je me suis retrouvé beaucoup trop loin pour le grand angle. Dommage.



Très dommage même car je me retrouve avec une photo où l'on ne voit quasiment que la 275 GTB dont la présence dans l'alignement est totalement injustifiée.



J'abandonne les Ferrari pour repartir en direction de ma voiture. Les participants doivent effectuer deux tours du circuit de Gueux. Je partirai après leur deuxième passage pour me mettre en position à l'endroit que j'ai repéré en venant. On m'a conseillé un spot pour faire des filés mais l'herbe est assez haute et masque une partie des voitures. Trop tard pour changer de place, les voici qui arrivent.

       



Pour le deuxième tour, j'escalade un rond point avec de la végétation en escalier, ce qui me permet de faire une enfilade décente.

               

Mais à ma grande surprise, les voitures font le tour et reprennent la route directement! Il n'y aura pas de deuxième tour! Les GTO sont en rang serré et je suis encore bouche bée quand la dernière passe sous mon nez.

       

Je les prends en chasse à bonne allure mais quand j'arrive devant l'Abbaye de Hautvillers où elles doivent passer la nuit, elle sont déjà toutes entrées et la sécurité est en place. Un beau raté! Je retrouve une demi douzaine de passionnés aussi frustrés que moi. Hautvillers est le berceau du champagne puisque c'est à l'abbaye que le moine Dom Pérignon mit au point la fameuse recette. Du coup, nous décidons de ne pas partir sans fêter cette journée et entrons chez J.M. Gobillard & Fils pour une dégustation. Ici l'accueil est excellent et nous passons un très bon moment. A 19h30, inutile de persévérer. Je rentre à l'hôtel avec quelques indiscrétions pour le lendemain.

       

Mercredi. Les participants prennent la route de l'Ile de France pour déjeuner au Château de Vaux le Vicomte. Après réflexion, je décide de ne pas faire la sortie de l'Abbaye, car je ne sais pas combien de personnes graviteront autour des autos. Je vais me placer plus loin sur la route mais sans trouver de vrai spot de qualité au milieu des vignes. Je me venge sur ce monument aux morts. Attention, une seule 250 GTO se cache dans les trois photos suivantes.

       



Il est vite évident que le principal attrait des photos en bord de route sera de faire des groupes. Les voitures seules sont moins intéressantes car elles ne reflètent pas le convoi qui traverse la France.

       



L'itinéraire est relativement simple: plein ouest en ligne droite. Double inconvénient: impossible de couper l'itinéraire des concurrents pour reprendre la tête du convoi, et un contre jour quasi systématique. Le rythme est très soutenu. Je m'arrête à l'entrée d'un village, faute d'avoir trouvé un paysage de qualité avant.

       

Je repars ensuite derrière 3607GT.

       



A un moment donné, j'ai deux GTO devant moi et les deux Bamford dans le rétroviseur. Une sensation unique! Puis le convoi explose dans trois directions différentes: le road book n'est vraiment là qu'à titre indicatif, ce qui n'est pas bon signe. En approchant de Vaux le Vicomte, je dépasse deux voitures qui se sont arrêtées à la pompe puis me retrouve soudain avec quatre GTO dans le rétro. J'attends une bonne occasion puis m'arrête à l'arrache sur un trottoir.

       

Et c'est déjà passé!



Je me réengage derrière eux. Nous traversons quelques villages dans lesquels je tente quelques clichés avec l'appareil à la fenêtre.

       

Il reste une vingtaine de kilomètres avant la pause, je peux me permettre de laisser passer encore quelques voitures. Je m'arrête pour faire quelques filés.

       

En repartant, je me retrouve avec 3757GT dans le rétro, la voiture de Nick Mason qui n'était pas à Gueux. Je profite d'un arrêt à un passage à niveau pour sortir de l'auto et voler quelques clichés, ainsi que de 3387GT.

       

Le train est passé, c'est reparti. Nous nous retrouvons en agglomération. J'ai une occasion de reprendre une photo de 3757GT, dans laquelle il fait manifestement très chaud.



Dans les derniers kilomètres, je pile à nouveau sur un bas coté pour laisser passer mes suiveuses.

       

Juste avant le château, une belle descente aurait été idéale pour une photo de groupe mais il reste peu de voiture derrière moi je pense.



L'entrée du château est contrôlée. L'allée ne donne pas grand chose, avec des véhicules en arrière plan.



Il serait sans doute possible d'accéder en payant son entrée par un autre accès mais il y a une seconde grille et un espace totalement privatisé. Je reste le temps que quelques voitures se présentent mais le résultat n'est pas extraordinaire.

       

La dernière voiture que je ne vous ai pas présentée: 4293GT.



Je vais manger rapidement puis repars en direction de Onzain: les concurrents vont dormir aux Domaines de Hauts de Loire. Ce village parait plein de potentiel. Je m'arrête pour attendre les premiers. Si j'en crois le timing prévisionnel, j'ai largement plus d'une heure d'avance. Mais au bout d'une quinzaine de minutes seulement, des moteurs retentissent et voilà les premiers: un groupe de trois! Il s'en est fallu d'un rien pour que je les rate.

       

       

       

Encore une voiture,

       

et c'est reparti, jusqu'à ce petit pont bien sympathique. Et voici 4153GT, la deuxième retardataire qui est partie directement de Hautvillers.

       



Je reprends la route derrière elle mais à un moment elle s'écarte de l'itinéraire prévu. Je suppose qu'elle va mettre de l'essence et prend de l'avance. Erreur fatale. Après vingt bonnes minutes à poireauter devant une magnifique demeure, je dois me rendre à l'évidence, personne ne passe par là. Les concurrents ayant plus d'une heure et demie de retard, ils ont du couper. Ca tombe bien, j'ai moi aussi un raccourci pour les retrouver avant l'arrivée à Onzain. Je le prends tambour battant mais malheureusement une déviation et un trafic intense de camions transforme le raccourci en "rallongi". Du coup, quand je me poste au milieu des blés juste avant l'étape, je ne sais pas du tout où j'en suis au niveau du convoi. L'attente est longue, et en plus je suis à contre jour.

       

Et ça ne change rien de traverser la route.

       



Après une longue attente, plus rien ne vient. Il est plus de 19h00 quand je repars en direction de la voiture. Soudain deux moteurs retentissent dans la campagne. Deux GTO arrivent derrière une voiture particulière. Je traverse et m'agenouille au bord de la chaussée. Les GTO doublent.



3757GT doit passer à vingt centimètres de moi dans le hurlement de ses douze cylindres. Ca fait bizarre!



Après ça, je passe devant le Domaine par acquis de conscience mais il est plus que verrouillé, comme d'habitude. Je prends donc la direction de Blois où m'attends mon hôtel. La journée a été intense et stressante, passée à foncer et à se demander si la route est la bonne. Je n'ai quasiment pas trouvé de spot intéressant, l'itinéraire étant tiré au cordeau à travers la plaine. On est loin des paysages minutieusement choisis du Tour Auto. Cela dit, je suis tout de même content de la journée.

Jeudi, dernier jour pour moi avant de devancer les participants au Mans Classic. La journée s'annonce encore stressante car l'itinéraire supposé est plein de trous. J'attends donc les ouvreurs pour leur emboiter le pas, direction le château de Champigny pour le déjeuner. Nous empruntons une route très étroite où il est difficile de se croiser. Je m'arrête derrière une bosse pour laisser passer quelques voitures.



Voilà les premiers.

       

       

Puis je vais dans un champ pour faire quelques filés. Manque de chance, c'est un groupe de sept ou huit voitures qui passe devant moi, et je n'ai que des vues individuelles.

       

       

       

Je repars derrière eux, un peu déçu. Pas pour très longtemps puisqu'une bonne partie du groupe décide de faire un stop café - croissants dans le village suivant.

       

L'alignement est... intéressant.

       

Et l'architecture est quasiment d'époque.

       

       

C'est le moment d'en profiter à fond,

       

malgré la pluie qui décide de s'inviter pour la première fois. C'est un moment fort du périple.

       

Les voitures repartent en groupe. Je leur emboite le pas puis dépasse le groupe qui s'est trompé de chemin et doit faire demi tour. Je vais me poster à un kilomètre du château, sur la route d'accès logique. Encore une fois, l'attente est longue et anormale. Je repars pour m'apercevoir que les voitures sont passées par un autre chemin et sont déjà dans la cour. Cette fois, pas de gardes, et pas mal de personnes qui entrent. J'emboite naturellement le pas. J'ai à peine pris une photo que l'organisateur intervient en intimant aux photographes l'ordre de sortir sous peine de prévenir la sécurité. Le ton est vraiment très agressif. C'est certes justifié car il s'agit en fait du premier domaine réellement privé où les voitures s'arrêtent, et qui appartient d'ailleurs au propriétaire de l'une des GTO mais la façon de le dire est vraiment limite. Il s'ensuit d'ailleurs un accrochage assez sévère entre plusieurs photographes et les vigiles dépêchés en urgence à la porte.



Bref, je repars direction Villandry où les voitures feront un arrêt rapide dans l'après midi. Et sur la route, je trouve enfin un spot digne de ce nom, sur une route ombragée.

       

       

       

J'y passe un bon moment, assurant de belles images car je ne sais pas à quoi ressemblent les routes ensuite.

       

       

       

Je repars derrière 5573GT, que je retrouve un peu plus loin arrêtée sur le bord de la route.



Je stoppe également. La 64 fait demi tour,

       



pour mettre de l'essence. Quelques photos et c'est reparti.



La Rolls de Simon Kidston me talonne. Je ne pensais pas qu'un tel pachyderme pouvait rouler aussi vite. Impressionnant. Je le laisse passer et m'arrête derrière une double bosse pour faire encore quelques images.

       

Vintage style.



Puis une info arrive: Villandry n'est pas privatisé. Je déboule sur le parking et me précipite au guichet pour payer mes 6.5 euros donnant accès aux jardins. Les touristes n'ont pas du comprendre pourquoi j'étais si pressé de voir des arbustes. Les voitures sont là, alignées!



Et dans un cadre agréable. Ca fait drôlement plaisir après s'être fait systématiquement claquer la porte au nez pendant trois jours.

       

Il y a des touristes mais en nombre raisonnable,

       



ce qui permet de faire des images relativement dégagées.

       

       

3505GT compte désormais parmi mes favorites, sans aucun doute.

       

Les premiers se remettent déjà en route mais je décide de profiter au maximum de cette pause statique.

           

       

       

3413GT fait un peu de mécanique.



Simon Kidston, en bon gentleman, immortalise l'équipage féminin de 4153GT,



avant leur départ.

       

       

Logiquement, les participants doivent passer sur une petite route pavée au bord de l'eau, qui peut être assez photogénique. Je quitte donc le château à regrets pour aller me placer. Rien. Renseignement pris auprès d'un pêcheur, aucune voiture n'est passée récemment. La rumeur dit que certaines voitures ont un peu frotté dans l'allée du château et que les propriétaires auraient décidé de changer de route. Je ne saurai jamais si c'est vrai. 5573GT passe non loin de là, puis plus rien.



Il est 16h00. Les voitures vont finir leur journée à Chambord. Il est temps de réfléchir à la suite des opérations. J'aimerais bien récupérer mes accréditations pour Le Mans Classic ce soir car le bureau n'ouvre qu'à 09h00 demain, ce qui est vraiment tard pour moi. Et ce soir, ça clôture à 18h00. Je décide donc de prendre la route du Mans immédiatement, sacrifiant une nuit d'hôtel prépayée à Blois. Tant pis. Finalement, certains auront fait de superbes images de Chambord qui n'était pas privatisé non plus mais j'ai de mon coté profité d'une preview du Mans Classic et pu attaquer tôt vendredi donc pas trop de regrets. L'idéal aurait peut être été d'aller chercher le passe au Mans, redescendre à Chambord (plus de 150 km quand même) et de remonter aux aurores vendredi mais ça ne m'a même pas effleuré l'esprit.

Je retrouve donc les voitures vendredi au Mans Classic, où elles sont très attendues par nombre de passionnés. Elles sont d'ailleurs très en retard, alors que commence à circuler la rumeur d'un accident. Rumeur confirmée plus tard: 3445GT aurait été heurtée au moment de tourner à gauche. Je ne m'étendrai pas sur cet accident dont je ne connais que les informations parfois fantaisistes parues dans la presse. Les personnes concernées semblent s'en être tirées sans trop de dommages (une jambe cassée), ce qui est le plus important. La voiture avait déjà été refaite après un sérieux accident, elle va donc passer de nouveau quelques mois en atelier pour ressortir aussi belle qu'au début de la semaine. Toujours est il que certains ont poireauté plusieurs heures à l'entrée du circuit, pour que finalement les participants arrivent par deux accès différents avant de se rassembler... dans le paddock. Je n'ai pas trouvé ça très fair play de la part de Peter Auto car ils ont largement usé de l'argument GTO et il est dommage de réserver l'accès aux voitures aux détenteurs d'un pass paddock qui n'était plus disponible sur place le jour J. Il aurait, peut être, été plus logique de ranger les voitures dans le parc supercars qui dispose d'une belle pelouse, même si l'accès à la piste aurait ensuite été un peu plus difficile. Bref, 18 voitures sont présentes sur les 21 engagées, ce qui est un beau résultat.

C'est la dernière occasion pour moi de faire quelques photos en statique, le Tour n'étant désormais plus ma priorité.

       

       

 

Encore une fois, j'essaie de rendre surtout l'effet de nombre.

               

       

La présence de toutes les carrosseries 64 à l'exception d'une seule aura été exceptionnelle. J'aurais vraiment aimé pouvoir faire une photo de groupe de celles ci. Espérons que le photographe officiel y aura pensé.

       

       

A 16h50, c'est l'heure de la parade. Heureusement que je n'ai pas compté dessus pour voir le GTO Tour car je m'y suis pris comme un manche. Lors de l'arrêt essence de 5573GT hier, j'avais demandé à l'un des accompagnateurs si il y aurait une expo des voitures en épi sur la piste avant la parade et il m'avait répondu par l'affirmative, ajoutant que les anciennes participantes du Mans seraient regroupées. Un luxe de détail qui m'a donné confiance. J'étais donc sur la pitlane à l'heure de la parade, prêt à rejoindre la piste pour une meilleure photo de groupe que celle de Gueux. Finalement, non seulement les voitures ne se sont pas alignées mais en plus elles ont pris la piste par un autre endroit. Du coup, j'ai juste pu me mettre sur une ouverture du mur de la pitlane pour les voir passer en ordre dispersé, après leur premier tour.

       

       

       

       

Mais ce n'est pas fini! Je demande alors à une femme équipée d'une radio si les voitures vont faire plusieurs tours (échaudé par Gueux encore une fois) et elle me répond que non! Je la prends au mot, imaginant qu'elles vont quitter les circuit à un raccordement, et renonce à courir au Dunlop pour le deuxième passage. Vous imaginez ma surprise quand les voitures ne repassent pas une fois mais deux, et que je suis dans l'impossibilité de faire une image valable! Encore heureux que ce n'est pas grave.

Voilà, le GTO Tour s'achève pour moi, les concurrents vont pousser jusqu'à Versailles demain pour terminer leur périple mais de mon coté, c'est Le Mans Classic à 100% désormais.

Pour conclure, je ne peux évidemment que m'estimer comblé par cette semaine en compagnie des GTO, qui est allée au delà de mes espérances en terme de photos. Les vingt et une voitures présentes m'ont permis de monter à vingt quatre sur mon total personnel, la mise à jour de la page dédiée suivra rapidement. Les douze dernières vont être dures à aller chercher car il en reste peu en Europe, ou alors elles ne sortent pas souvent.

Pour faire la fine bouche, je pourrais dire que l'organisation a semblé mettre davantage l'accent sur le caractère des lieux visités que sur les routes empruntées, qui étaient globalement très banales. C'est évidemment le point du vue du photographe qui préfèrerait un parcours dans les Alpes qu'au milieu des plaines. En tout cas, c'était le gros objectif de 2012 et il a été plus que rempli de mon point de vue. J'espère que ce sera le vôtre également.

 

 

La page récapitulative

Le Louis Vuitton Serenissima Run

Villa D'Este 2012

Tour Auto 2012

Exposition Ralph Lauren

Exposition au Pantéon de Bâle

Tour Auto 2010

Cavallino Classic 2008

Retrouvez les évènements impliquant des 250 GTO

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