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Contrairement à la petite tradition que j'avais instaurée à l'occasion des shootings de Maserati, Lotus ou Abarth, je ne vais pas vous faire l'historique complet de la marque Porsche car ce serait un peu trop long, alors que les reportages cités sont déjà à la limite de l'indigeste (à vous de voir de quel coté de la limite). Et puis je garde çà pour la visite du Musée. Je me contenterai donc de parler de la 911 puisque c'est d'elle qu'il s'agit.

 

La 911 est considérée, probablement à juste titre, comme LA Porsche par excellence. Premier modèle intégralement conçu par la firme de Stuttgart, le numéro d'identification du projet en 1963 est "901". Cependant, Peugeot a déposé tous les numéros à trois chiffres avec un 0 au milieu, ce qui oblige Porsche à lui substituer un 1. "911" reste encore aujourd'hui la dénomination commerciale du modèle mais les amateurs passionnés préfèreront utiliser la numérotation des projets successifs: "930", "964", "993", "996" et "997" actuellement.

Si Porsche a finalement choisi de brader son image sportive en produisant un SUV diesel de moins en moins charismatique, l'architecture du moteur de la 911 a traversé les générations: un 6 cylindres à plat en porte à faux arrière qui lui confère un comportement routier caractéristique. Au début des années 60, le cahier des charges est simple: concevoir une 2+2 compacte et facile à construire. "Butzi" Porsche, le fils de Ferry, dessine avec son équipe une ligne simple et fluide, adoptant un arrière fastback qui la distingue de la 356.  Et c'est au salon de Francfort 1963 que la "901" est présentée au public. Equipée d'un moteur de 2 litres, elle va progressivement voir sa puissance augmenter de 130 à 160 chevaux. Dans le même temps, le 6 cylindre s'illustre en compétition dans les Porsche 904 et 906, puis dans les Carrera RSR.

En 1974 est présentée la deuxième génération de 911, dont fait partie la voiture ci dessous. Pour attaquer le marché américain, Porsche a du redessiner les pare-chocs de la voiture en y intégrant une fixation sur des tubes déformables en cas de chocs mineurs. En 1974, la cylindrée du moteur a été portée à 2.7 litres et développe suivant les versions 150, 175 ou 210 chevaux (version Carrera) et Porsche commercialisera rapidement une version 3 litres en parallèle, suivie d'une version turbocompressée, la 930.

De 1977 à 1983, c'est la SC qui prend le relais, avec un moteur 3L de 180 chevaux plus coupleux. En fait, avec ce passage à un modèle unique (hors turbo), Porsche veut toucher une clientèle plus large en proposant un modèle plus souple dès les bas régimes et plus facile à conduire en toutes conditions, notamment en ville. Avec 57 972 exemplaires fabriqués en coupés, targa et cabriolet, la SC, qui devait être la dernière 911, a ressuscité la marque. Les modèles à moteur avant (924, 928, 944), qui devaient « enterrer » la 911, péricliteront progressivement. 

En 1984 apparait la 911 3.2 Carrera, la dernière version de la 911 originale. Elle est disponible en coupé, targa et cabriolet mais aussi en "turbo look", reprenant les ailes larges et l'aileron distinctif de la 930. Cette option fait un tabac aux USA où le modèle turbo n'est pas disponible. La 3.2 Carrera a été produite à 76 473 exemplaires, sa carrière se terminant avec la très désirable version speedster qui se vendit à 2104 exemplaires, majoritairement en turbo-look (171 caisses étroites seulement).

De 1989 à 1993, c'est la 964 qui prend le relais, d'abord en quatre roues motrices (Carrera 4) puis avec la possibilité de dompter le 3.6L avec les seules roues arrières (Carrera 2). C'est la Porsche de mon adolescence et elle conserve les phares avant distinctifs de la 911 donc j'avoue que j'ai une faiblesse particulière pour ce modèle. Et c'est d'ailleurs la dernière qui m'ait vraiment plu.

De 1993 à 1998, l'aérodynamique pousse la voiture à s'arrondir avec la version 993, puis jusqu'en 2005, c'est la 996 qui prend le relais. C'est probablement la moins réussie de toutes avec des feux avant qui perdent tout lien de parenté avec ceux de leur ainée. La 997 rectifie un peu le tir en retrouvant un regard plus typique. En tout cas, l'histoire ne semble pas bégayer pour Porsche: dans les années 80, la marque avait concentré la 911 en une seule déclinaison, la SC, qui avait fini par avoir la peau de tous les autres modèles, notamment la 928. Aujourd'hui, on compte pas moins de 20 déclinaisons différentes de la 997, entre les S, GTS, GT2, GT3, RS, Turbo, deux et quatre roues motrices. Et pourtant la 911 ne fait plus le poids au niveau des ventes face aux statutaires Cayenne et Panamera: sur l'exercice 2009/2010, les ventes de la doyenne ont chuté lourdement de 27% (19663 unités), derrière la Panamera (20615) et le Cayenne (29855)

J'ai rencontré Olivier pour la première fois en août de l'année dernière à l'occasion du passage du Raid Suisse Paris. Nous nous sommes vite découvert des amis communs: si j'avais fait les photos du calendrier GT Collection, c'est lui qui avait réalisé la mise en page et l'impression. Je pense pouvoir dire que le courant est immédiatement bien passé et nous avions discuté un peu de sa Porsche 911 2.7L. Je savais que je finirais par la shooter, et l'introduction de cet article a d'ailleurs été rédigée dès novembre, en prévision du reportage. L'hiver et Emma sont arrivés dans la foulée, ce qui a mis le projet en sommeil. En tombant sur la voiture au salon Rétropolis, j'ai décidé de relancer un peu tout çà. La voiture est à dix kilomètres de chez moi, il n'y a donc qu'à faire coïncider les agendas.

C'est chose faite cette semaine, nous nous donnons rendez vous mardi à 17h00. Le printemps 2011 est réputé être le plus chaud depuis le début du XXe siècle, et le plus sec des cinquante dernières années. Pourtant, il pleut. Olivier m'a confirmé qu'il ne rechignait pas à rouler sous la pluie. Je surveille le temps toute la journée: le matin on a un ciel d'orage avec de gros nuages et quelques percées de soleil, ce qui peut être très sympa. Mais l'après midi, une couverture nuageuse grise et basse recouvre le ciel, déversant une pluie fine et incessante. En temps normal, j'aurais sûrement repoussé à plus tard mais il y a un autre aspect qui me presse. En effet, pour chaque shooting le choix de la voiture représente 50% du succès de la séance mais les 50% restants sont incontestablement conditionnés par son environnement (on pourrait débattre des pourcentages). Or pour la 911, j'ai choisi le chantier d'une nouvelle voie de contournement de Besançon, qui sera inaugurée dans un avenir incertain mais très proche. Il y a donc là une belle opportunité de faire des photos originales, opportunité qui s'envolera définitivement dès l'ouverture à la circulation.

En arrivant sur les lieux, il pleut tellement que j'envisage encore une fois l'annulation mais je me dis qu'Olivier est sûrement déjà en route et que la voiture est d'ores et déjà trempée. Autant aller au bout. Nous nous engageons sur le ruban d'asphalte désert. Première pose: en travers des voies de circulation.

       

Le ciel gris ne fait définitivement pas ressortir le bleu Maritime très particulier de la 911. Ca commence mal. Sur la photo ci dessous, le teinte est tout de même a peu près fidèle.

       

J'ai pris la précaution de tout shooter en RAW en prévision de difficultés d'exposition mais le traitement du fichier brut fausse irrémédiablement la couleur de la voiture, la faisant apparaitre beaucoup plus foncée. Je ne sais pas pourquoi et je n'ai pas réussi à redresser le coup, donc j'ai du me contenter des jpg en post traitement.



Vous verrez que pour compenser la météo, j'ai tenté deux ou trois expériences de rendu dont certaines sont intéressantes. La première a été faite en post production: dès que j'ai vu cette photo avec le panneau, j'ai pensé au cadrage carré. Cà peut sembler anodin mais en réalité, la photo carrée est quasiment une discipline à part entière, de moins en moins pratiquée depuis la disparition des polaroïds et la généralisation des écrans 16/9. De fait, ce format ne définit pas un sens de lecture préférentiel et est par conséquent réputé pour être apaisant et harmonieux. Par contre, une photo carrée a besoin d’une construction géométrique et d’une composition très soignées. N’ayant de pas de sens de lecture préférentiel, le regard peut facilement se perdre dans l’image s’il n’a pas suffisamment de points de repère. Toute la difficulté vient de ce que très peu d'appareils photo proposent de cadrage carré, ce qui rend la composition dans le viseur particulièrement complexe. En plus, mon sujet favori, allongé par nature, ne s'y prête pas tellement. Mais voilà, çà m'a paru intéressant de montrer comment un changement de proportions pouvait entrainer un bouleversement dans la perception d'une image (du moins c'est le cas pour moi) et j'invite tous les photographes à tenter l'expérience, vous verrez que c'est très particulier.



Nous avançons ensuite vers l'entrée du tunnel pour refaire quelques prises de vue, l'occasion de parler un peu plus de l'exemplaire d'Olivier.

La voiture que je vous présente aujourd'hui est une version 175 chevaux de 1977. C'est dingue, elle n'a que quatre ans de moins que moi.

       

Jusqu'en 1989, les 911 sont donc munies aux extrémités du pare-choc de cette pièce de caoutchouc en accordéon.

Parmi les autres modifications esthétiques, des baguettes noires de bas de caisse et la finition en noir des poignées de porte.

       

Cette génération de 911 est la première a être équipée des sièges anatomiques avec appuie tête intégré, devenus ensuite des classiques

       

Les superbes jantes Fuchs que Porsche remet au goût du jour sur la Sport Classic et le nouveau Speedster.

         

Très franchement, même avec Olivier qui me tenait obligeamment le parapluie, je sais que je n'ai fait qu'effleurer le potentiel de ce spot provisoire. Pour bien faire, il aurait déjà fallu travailler au trépied car là j'ai du monter pas mal dans les iso, ce qui ajoute le bruit aux traits de pluie.



En plus, il y avait tout de même une pression de l'interdit, le chantier n'étant évidemment pas ouvert au public, qui m'a influencée.



Nous avançons encore jusqu'à la gueule même du tunnel, qui est finalement l'emplacement le plus spectaculaire.



Les lumières orangées s'éteignent spontanément (ou pas) au bout d'un moment. Tant mieux, l'ambiance est bien meilleure avec l'obscurité complète.



Je pousse le contraste.



Quitte a avoir du noir et du bruit, autant faire exprès d'en ajouter.



Une voiture arrive et s'arrête vers nous, par la force des choses. Le couple de personnes âgées qui se trouve à bord nous demande si c'est bien la route de Pontarlier. Je laisse Olivier les remettre sur le droit chemin pendant que je continue à shooter. Ils font demi tour et repartent à contre sens. Surprenant!!



Le demi cercle du tunnel faisait partie des photos que j'avais imaginées avant la séance mais dans mon esprit, la voiture était plus grande. Et je ne peux pas me coucher par terre pour faire une contre plongée.

       

J'en profite pour faire l'intérieur de la voiture. Déjà à l'époque, le compte tours trônait au centre des instruments, face au conducteur. La zone rouge a juste reculé un peu.

       

Et sauf erreur le compteur de vitesse est passé à gauche.

       

Il est temps d'aller se mettre au sec sous le tunnel. Lights on!

       



Les tagueurs sont déjà passés par là, et pas les meilleurs.



Pour finir, un peu de clair obscur, technique consistant a faire se côtoyer des parties claires et des parties sombres, sans transition, pour créer des effets de contraste.

       

Je n'étais pas trop convaincu en prenant les photos mais finalement le résultat est inespéré. Moralité, un tunnel c'est le top pour çà.



Voilà, il est temps de remonter en voiture pour parcourir (dans le sens de circulation) les quelques centaines de mètres qui nous séparent de notre point de départ.

       

Nous discutons encore un moment dans l'habitacle embué. Olivier me branche sur la BMW M6 noir mat d'un de ses amis. J'espère pouvoir m'en occuper cet été, le temps de trouver un cadre adapté.

Au final, je suis satisfait du résultat, compte tenu des conditions très mauvaises dans lesquelles nous avons travaillé mais j'éprouve un peu de frustration à l'idée de n'avoir qu'effleuré le potentiel de ce spot qui va rapidement disparaitre. Je vais voir si je ne peux pas dégoter très vite une autre voiture pour un nouveau shoot si le soleil revient. Plus que jamais, j'ai très envie d'avoir une petite classique de caractère avec laquelle je pourrais faire mes propres shootings où et quand je veux. Mais avant cela, il faut déjà savoir où on va avec le budget de la maison. En tout cas, çà me chatouille de plus en plus.

 

  Au volant d'une 911 3.2L Ferrari 430 Scuderia et Porsche 993    

Retrouvez les autres shootings de 911

   

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