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Le salon de la voiture ancienne Geneva Classics en est à sa troisième édition, ce qui me permet de me vanter d'avoir assisté a chacune d'entre elles. C'est sûrement le seul évènement d'envergure pour lequel je peux dire çà. Le salon se déroule dans la halle 7 de Palexpo près de l'aéroport de Genève. En 2007, la deuxième édition avait attiré plus de 16 000 visiteurs sur son weekend d'ouverture. Le salon est donc petit mais il compense largement la taille de son plateau par une qualité exceptionnelle.
 
Je dois vous avouer que j'appréhende un peu de rédiger le reportage sur cette troisième édition. En effet, la traditionnelle vente aux enchères est cette année remplacée par l'exposition de la collection exceptionnelle d'un entrepreneur Suisse: Jean Pierre Slavic. Celle ci comporte 65 voitures dont 24 Ferrari. Le problème est que plusieurs d'entre elles ne sont pas authentiques et que leur propriétaire n'est pas forcément aussi franc à ce sujet qu'il le devrait. Bref, voyons çà.
 
 
A peine revenu de Paris, me voilà donc de nouveau en route, en voiture cette fois. Parti à 6h15, les aléas de la circulation entre France et Suisse puis entre Lausanne et Genève font que je n'arrive sur place que vers 9 heures. Le salon ouvre à la presse à 10 heures et au public à 14 heures. Aussitôt, je m'aperçois que j'ai oublié ma pochette contenant toutes mes affaires. Résultat: pas de carte bleue pour payer le parking, pas de portable pour annoncer mon arrivée sain et sauf et pas de papiers d'identité pour passer la frontière. Voilà ce que c'est que de partir le matin sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. Enfin, je n'ai pas oublié mon accréditation et c'est bien l'essentiel. Précision Suisse oblige, on me demande de patienter jusqu'à 10 heures, heure officielle, pour pénétrer dans les lieux. Coup de chance, deux autres photographes plus âgés sont admis par un des gardiens, donc l'hôtesse du stand presse me donne accès par soucis d'équité, avec un air un peu dépité. Je l'assure de ma discrétion et je rentre. Du coup, j'ai le salon presque pour moi tout seul pour environ 30 minutes. Je file au fond de la halle où est exposée la collection Slavic. Les voitures sont rassemblées en cercles, sur une moquette noire, espacées d'environ un mètre l'une de l'autre. C'est serré mais çà aurait pu être pire.
 
Je m'attelle donc à l'inventaire des Ferrari. Le fait d'être seul me permet de déplacer parfois un plot maintenant les filins de protection, souvent les plaquettes descriptives des voitures. Malgré ce luxe de tranquillité, je suis forcé d'avouer qu'une nouvelle fois, je ne suis guère satisfait du rendu de mes photos une fois de retour à la maison. Lors de la première édition avec mon compact, c'était littéralement une catastrophe. L'année dernière, j'étais retourné le lendemain exprès pour parfaire les photos d'une California notamment, ce qui n'est plus possible aujourd'hui car la famille s'est agrandie. Cette année, ce n'est toujours pas terrible, malgré trépied et télécommande. La netteté est plus que suspecte et les parties horizontales des voitures rouges ont tendance à tirer sur le rose, ce que je vais essayer de corriger au mieux numériquement. Je pense que je vais finir par devoir m'attaquer à la difficile maitrise du flash si je veux obtenir un rendu plus satisfaisant dans ces conditions d'éclairage difficiles. C'est comme çà.
 
On commence par une 250MM de 1953 sn 0310MM, la Ferrari la plus ancienne de la collection. Encore désolé pour la piètre qualité des photos.
 
       
 
La deuxième voiture est sans doute la plus emblématique du problème que posent certaines voitures de la collection Slavic. Cette auto est une 250 GTE qui a été recarrossée en 250 GTO quand elle appartenait à Greg Jones. L'historique parait donc assez limpide. Dès lors, on peut se demander pourquoi la plaquette descriptive la présente comme une authentique GTO? Pire encore, en même temps que le salon sort un livre de photos commentées dédié à la collection. Dans le livre également, la voiture est présentée comme une des 36 GTO produites. Dans le texte d'accompagnement, M Slavic prétend avoir découvert la supercherie bien après l'achat. Venant d'un collectionneur aussi expérimenté et éclairé que lui, l'excuse et pour le moins douteuse et surtout, dès lors que le "faux" est avéré, pourquoi ne pas en prendre acte et présenter la voiture sous sa véritable identité? C'est au final cette ambigüité sur la nature réelle des autos qui me dérange le plus. On en reparle plus loin, hélas.
 
       
 
La 250 SWB qui a couru le Tour Auto Lissac cette année. Il s'agit de la reconstruction de 3539GT qui a été totalement détruite dans les années 60. De forts doutes existent sur le moteur qui équipe la voiture, ce qui explique qu'au Tour Auto, personne n'a pas voir la voiture capot ouvert.
 
 
Cette 250 LM utilise le sn 5149, voiture qui a été largement détruite par le feu en 1971. Certaines pièces ont été éparpillées puisqu'aujourd'hui trois 250 LM se réclament du numéro de série original. De toute évidence, celle ci n'est pas celle qui contient le plus d'éléments d'époque.
 
       
 
Cette 275 GTB/4 Spider est annoncée comme une NART, dont elle porte le macaron mais il s'agit en fait d'une simple GTB/4 sn 9603 qui a été "découpée". Elle a été repeinte dans la couleur de celle du film "L'affaire Thomas Crown". Vous trouverez d'ailleurs l'originale dans la section 60ème anniversaire de Ferrari à Maranello où elle était présente. Une nouvelle fois, dans son commentaire sur le livre, M Slavic fait amplement référence à la voiture originale (9437) sans annoncer clairement la nature de la sienne. Ce langage peu clair, destiné à semer la confusion dans l'esprit d'un amateur, est vraiment dérangeant.

       

Pour en terminer avec cet embarrassant sujet (puisque la P4, elle totalement fausse n'est pas présente, heureusement), j'en termine avec les voitures douteuses en présentant cette sublime California châssis court, la même que celle qui s'est vendue 11 millions de dollars en mai à Maranello. Il s'agit en réalité d'une 330 GT 2+2 sn 6555GT (avec le moteur 4369GT).

       

Ce n'est pas de gaieté de cœur que je viens d'énumérer ces anomalies (merci aux membres de Ferrarichat et à barchetta pour les détails des numéros de série) mais en ce qui concerne les Ferrari, l'authenticité est un sujet particulièrement important. Chacune des répliques ou reconstructions est d'une qualité absolument impeccable et donne visuellement les mêmes satisfactions que les voitures originales mais il me parait vital qu'elle soient présentées pour ce qu'elles sont réellement: des Ferrari "mineures" transformées. Je suis embêté d'avoir du faire cette mise au point car bien peu de collectionneurs accepteraient de faire déplacer 65 voitures de leur manoir a une manifestation publique. Rien que la logistique que cela implique suffit à donner le vertige. Jean Pierre Slavic a ce faisant fait preuve d'une générosité et d'une audace hors du commun. Un extraordinaire cadeau au public. Nous allons donc tourner la page sur ces remarques et poursuivre notre voyage au travers de sa collection dont le bon goût en matière de design est incontestable. Une Ferrai 275 GTB/4 et une 250 GT Pininfarina Coupé.

       

une magnifique Lusso et une Daytona,

       

une Daytona Spider,

       

On continue le voyage dans le temps avec une 512 BB et une 308 GTS

       

des Dino 246 GT et GTS

       

une 512 TR et une 575 Maranello

       

les petites dernières 599 GTB et Scuderia

       

les supecars, 288 GTO et Enzo

       

L'alignement est déjà impressionnant. C'est a peu près à ce moment que je retrouve Etienne. Nous évoquons rêveusement des voyages au Cavallino Classic ou à Pebble Beach, voyages qui ne seront pas pour 2009 en ce qui me concerne. 

Ce n'est pas encore fini, on passe aux voitures de course: 333 SP et 575

       

       

et une spectaculaire F40 LM

       

Mais l'homme est loin de n'avoir que des Ferraris, il possède également de superbes Aston Martin: Vanquish, DB5, DB2 convertible, DB2 Saloon Vantage

       

une divine DB4 GT Zagato

également Abarth 695 SS, AC Bristol ACE, Austin Healey 3000 MK1, Austin Mini Cooper, Bentley Fly Spur, Bentley Continental Cabriolet, Ford GT, Jaguar SS100, XK 120 S Roadster, XK 140 Coupe, XK 150 S convertible, Type E 3.8l Roadster, Type E coup 4.2l, Maserati Mistral 3700 coupe, Mercedes 300 SL Papillon Alu, Papillon et Roadster, Morris Mini Cooper S, Bugatti EB 110

       

Porsche Carrera RS 2.7l, 911 Turbo, 911 Speedster, 993 Turbo, Carrera GT, Lamborghini 400 GT et Miura

       

Rolls Royce Silver Shadow II, Corniche coupé et cabriolet, Triumph TR3, TR4, TR5, Alfa Romeo Giulietta Sprint Speciale Bertone

 

La voiture qui a tout déclenché Abarth 850 TC, première voiture de la collection de M Slavic. Encore une fois, malgré les remarques plus haut, la collection reste exceptionnelle au niveau du design et c'est sûrement la seule fois qu'elle sera rassemblée toute entière dans une lieu public. Pour cela, Jean Pierre Slavic mérite tout mon respect et mille remerciements.

       

Voilà pour la Collection Slavic mais le salon recèle bien d'autres merveilles. Tout au fond, un garage propose 4 Ferrari à la vente, dont une 512 TR, une Dino 246 GT, une 365 GT 2+2

       

et une 308 GTB Vetrosina. Autant j'ai eu le coup de foudre pour celle en livrée compétition vue à Arlay, autant celle ci m'a moins convaincu

Sur un autre stand, de magnifiques Bugatti, principalement des Type 35 sont exposées dans une livrée bicolore inhabituelle et très seyante. Il s'agit de voitures engagées en course par l'équipe de Suisse.

       

C'est sûr ce stand qu'une personne m'accoste en me demandant si je suis photographe. Passé la première surprise, je reconnais que c'est bien ce que je suis, quoiqu'en amateur. Il me propose de shooter le stand et de m'acheter les photos. Je refais donc un tour du stand en tentant de m'appliquer le plus possible, on verra bien ce qui sortira de ce contact.

       

Un petit clin d'œil pour quelqu'un qui se reconnaitra:

Un peu plus loin, un autre line-up extraordinaire m'attend. Les Aston Martin Zagato sont considérées comme des raretés mais trois d'entre elles sont alignées sur le stand du concessionnaire Aston Martin qui est en train de s'ouvrir à Lausanne. Simplement hallucinant.

       

       

Là encore, le très sympathique gérant me demande si je compte shooter sa vieille Lagonda qui trône en bout de stand. Décidément, c'est mon quart d'heure de gloire. En tout cas, je m'exécute de bonne grâce.

       

Pour en terminer avec Aston Martin et Zagato, il reste une dernière DB4 sur le stand Kidston. Cette voiture est véritablement une merveille et voir 5 Aston Zagato sur un même plateau démontre si il en était besoin à quel point le plateau de Geneva Classics est d'une incroyable qualité.

       

Sur le stand du célèbre Garage Carugati, je retrouve deux voitures que j'ai croisées très récemment, puisqu'elles étaient présentes au 40éme anniversaire du Club Ferrari France: une 333 SP et une Pagani Zonda dont Carugati est l'importateur exclusif pour la Suisse.

       

Egalement sur ce stand très bien achalandé, une Lusso, une 365 GT 2+2 et une Dino 246 GT. Excusez du peu.

       

A coté, le Garage Keller propose une DBS mais pas l'Enzo grise qu'ils semblent avoir en atelier. Dommage

Je vais être à court de superlatifs avant d'arriver au bout de ce reportage mais comment qualifier cette Lancia en état absolument impeccable?

       

Ferrari Classiche est absent cette année, ce qui est dommage au vu de ce qu'ils avaient apporté les deux premières années. Mais on vient quand même de loin au salon, comme le prouve la présence de la gallerie Abarth de ... Tokyo

La défunte marque automobile Suisse Monteverdi est également représentée. On est pas obligé d'aimer mais bon, elle a quand même eu le mérite d'exister.

       

Je passe plus rapidement sur d'autres stands qui ne déméritent pourtant pas: Porsche 356 Speedter et 3 M1 compétition sur le stand BMW

       

On trouve toujours un ou deux "barn find", réel ou simulé dans ce genre de salon. Ouch !

Chopard, fidèle au poste également, propose cette année une Formule 1 pilotée par Clay Regazzoni.

Chez Bonham's, on commence la promotion de la vente aux enchères réservée aux Italiennes qui aura lieu à Gstaad en décembre. On ne sait pas encore grand chose des lots hormis qu'en feront partie cette 308 GTB et la 250 PininFarina "pré Boano" vue au Tour Auto cette année. La rumeur veut qu'un modèle de compétition exceptionnel au numéro de série très bas pourrait emmener la vente vers des records cette année. Peut être un premier déplacement dans la station de ski la plus huppée de Suisse en prévision?

       

J'ai également rencontré sur place deux membres de www.supercarfrance.com dont le fondateur du site qui considèrent le rendez vous comme un nouvel incontournable. Un très bon signe pour l'avenir du salon à mon avis. Autre rencontre, évidemment Marcel Massini venu faire le tour du propriétaire avant de s'envoler en fin de matinée pour le Nürbürgring où les Ferrari Days se déroulent apparemment sous une météo exécrable. Je sors quelques minutes sur le tarmac de l'aéroport pour aller voir ce que le salon propose comme display d'avions cette année mais il ne fait pas très beau ici non plus et il n'y a rien de suffisamment spectaculaire pour attirer mon œil non averti. Vers 13 heures, j'ai fini de faire le tour du propriétaire. Comme le montre la photo ci dessous qui englobe l'intégralité du salon, celui ci est assez petit mais vous aurez je pense pu juger de l'incroyable richesse du plateau réuni dans cet espace. Geneva Classics s'impose vraiment comme un rendez vous incontournable de la voiture ancienne.

Heureusement pour moi puisque je n'ai pas un sou, les organisateurs proposent aux détenteurs d'un pass presse un ticket de parking gratuit. Vu la situation et comme je n'ai pas donné signe de vie depuis le matin, je décide de zapper le traditionnel tour des hôtels du centre pour prendre directement le chemin du retour, évitant par la même occasion les difficultés de la circulation du vendredi soir.

En deux jours, j'aura visité deux salons aux antipodes. Le plus grand du monde à Paris, immense, luxueux, délirant même parfois mais très calibré (CO², CO², CO²...) ou j'ai cruellement ressenti le manque de vieilles carrosserie. Et le modeste salon débutant et ses voitures d'une qualité et d'une rareté bluffantes. Les deux sont absolument complémentaires et offrent des sensations très différentes mais également grisantes. Du bonheur. Désolé quand même pour la qualité perfectible des photos. Ce sera sans doute pire en février à Retromobile mais çà me fait un objectif de progrès intéressant ...

  Geneva Classics 2006 Geneva Classics 2007 Retromobile 2010 Retro Classics 2009
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