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Au début des années 50, le moral et la santé financière de l'Europe étaient à la hausse, créant une nouvelle demande de voitures de compétition pour les pilotes professionnels comme pour les gentlemen drivers. Grâce aux victoires des 166MM, Ferrari et ses V12 jouissaient d'une réputation flatteuse mais le succès de certains 4 cylindres, comme la HWM Alta de Stirling Moss, n'avait pas échappé à Enzo et son ingénieur Aurelio Lampredi. Le 4 cylindres bénéficiait d'un meilleur couple à bas régime et était plus léger, permettant plus de maniabilité et une meilleure sortie de virage, sans compter une consommation moins importante. Pour ses voitures de sport, Ferrari s'appuya sur le succès de sa monoplace 500 F2, dominante en Grand Prix en 1952 et 1953, dont le moteur était l'œuvre d'Aurelio Lampredi. Après des tests en 1953 sur les 625TF et 735S, Ferrari annonça deux modèles à 4 cylindres pour 1954: la 500 Mondial et la 750 Monza.

0304TF a commencé sa vie en tant que 735 S, avec une carrosserie Vignale bien différente de celle ci. Accidentée, elle reçut cette robe plus classique est un moteur 2.5 litres, la transformant de fait en 625TF. Des trois exemplaires produits, elle est le seul survivant.

       



Nommée en hommage au titre d'Alberto Ascari en Formule 2, la 500 Mondial se montra bien née. Lors de sa première course à Casablanca pour les 12 Heures, les deux pilotes d'usine Ascari et Villoresi signèrent un doublé dans leur classe, devancés au général par une puissante 375MM. Puis Vittorio Marzotto termina deuxième aux Mille Miglia derrière une Lancia D24, remportant tout de même une victoire dans la classe des moins de deux litres. Deux séries furent produites: la première avec des carrosseries Pinin Farina proches des 375MM et la seconde sur un dessin de Scaglietti. Enzo Ferrari avait suivi le travail du carrossier de Modène sur quelques châssis et une relation durable et fructueuse débuta entre les deux hommes avec les Mondial.

A la fin de l'année 1954, une autre voiture fut proposée aux clients de la marque. Elle était construite sur un châssis similaire mais propulsée par un 4 cylindres de trois litres (750cc par cylindre) dérivé de la Formule 1: il s'agissait de la 750 Monza, nommée ainsi suite à ses débuts victorieux au Gran Premio Supercortemaggiore disputé sur le fameux autodrome. C'est Scaglietti qui habilla la totalité des 750 sauf une, ainsi que la deuxième série de 500 Mondial, dans un style identique. Les 750 se comportèrent très bien, au point que Ferrari en envoya deux au Tourist Trophy de Dundrod, une course décisive pour l'attribution du titre mondial. Hawthorn et Trintignant prirent la deuxième place et assurèrent le titre à Ferrari. 

En 1955, Ferrari décida de concentrer ses efforts sur les 4 cylindres mais Lampredi procéda également à des tests pour concevoir un moteur 6 cylindres, qui donna naissance aux 118 et 121LM (de 3.7 et 4.4 litres de cylindrée respectivement). Ces voitures avaient un châssis semblable aux 500 et aux 750, mais sur un empattement de 2400mm au lieu de 2250mm. Une 118/121LM remporta la victoire au Tour de Sicile. Une autre prit la troisième place aux Mille Miglia mais trois d'entre elles échouèrent au Mans, précipitant leur disgrâce aux yeux de Ferrari. Elles ne participèrent qu'à cinq courses, progressivement surclassées par leurs adversaires. Les 750 Monza, pour leur part, brillaient sur de nombreux circuits, souvent épaulées par les 500 Mondial dans leur classe. En fait, cette année là, la plupart des points gagnés par des Ferrari en Championnat le furent par des voitures engagées par des privés. A la veille de la Targa Florio, dernière course du Championnat, Mercedes n'était qu'à trois point de Ferrari, les 300 SLR ayant remporté les deux courses auxquelles elles avaient participé (Le Mans mis à part). Avec une équipe de 45 mécaniciens (contre 10 pour Ferrari), Mercedes s'imposa et devint Champion pour un point. Avec la disparition d'Alberto Ascari sur une Monza, 1955 fut une année noire pour la Scuderia.

Après la défaite de 1955, Ferrari récupéra le département compétition de Lancia, avec voitures, plans et ingénieurs, dont Vittorio Jano. Le premier effet tangible fut un retour au V12, avec les 290MM, mais sans abandonner pour autant les 4 cylindres. Fin 1955, les ingénieurs avaient planché sur la remplaçante de la 750 Monza, créant la 857 Sport. Elle fut remaniée par la nouvelle équipe pour donner naissance à la 860 Monza. Le nouveau modèle réalisa un doublé aux 12 Heures de Sebring puis prit les deuxième et troisième places des Mille Miglia, derrière une 290MM.

Pour remplacer les 500 Mondial, désormais menacées par les Maserati, Ferrari lança la 500TR. Il s'agissait de la première apparition des initiales Testa Rossa, faisant allusion à la couleur rouge des cache-soupapes du moteur. Un patronyme qui allait devenir indissociable de Ferrari. La carrosserie était toujours signée Scaglietti, même si Touring habilla quelques exemplaires. Une 500TR remporta sa classe à Sebring. Le Gran Premio Supercortemaggiore, épreuve réservée aux moins de deux litres, donna lieu à une énorme confrontation entre Ferrari et Maserati, les deux marques fournissant trente des quarante voitures engagées. Une 500TR s'imposa devant une Maserati. Les Testa Rossa remportèrent ensuite leur classe aux 12 heures de Reims, le weekend où Dino Ferrari perdit son combat contre la maladie.

Au Mans, le règlement autorisa des cylindrées jusqu'à 2.5 litres pour les prototypes. Quatre 625LM furent créées, en installant le moteur des 625 F1 dans le châssis des 500TR. L'une d'elles se classa troisième des 24 Heures. En Suède, Ferrari prit les cinq premières places, deux 290MM précédant deux 860 Monza et une 750 Monza. Cette course offrit le titre de Champion à Ferrari et démontra la supériorité retrouvée du V12 sur les 4 cylindres. Ce fut la dernière sortie officielle d'un 4 cylindres d'usine en compétition de voitures de sport. Les petites cylindrées allaient toutefois continuer à s'illustrer entre des mains privées.

En 1957, le règlement évolua, les modifications étant édictées dans l'Appendice C. Ferrari offrit alors à ses clients la 500 TRC, adaptée avec les ajustements nécessaires, comme un pare-brise intégral. Très efficace, la voiture remporta sa classe à Sebring et domina souvent la classe E en SCCA aux Etats Unis.

Coté chiffres, vingt neuf 500 Mondial ont été produites, en deux séries (19 + 10), trente 750 Monza, six 118/121LM, quatre 857 Sport et deux 860 Monza, seize 500 TR, dix neuf 500 TRC et quatre 625LM.

0410MD est une 500 Mondial Spyder Pinin Farina. Elle n'a pas réussi à terminer les Mille Miglia 1956.

0414MD est une 500 Mondial Spyder Pinin Farina. Elle aussi a du abandonner lors des Mille Miglia, mais en 1954.

0438MD est aussi une 500 Mondial Spyder Pinin Farina, mais dans un style encore différent. Elle a connu quelques succès dans des courses autour de Los Angeles (Palm Springs, Santa Barbara...)

       

0440MD est une 750 Monza, ex-usine, avec laquelle Umberto Maglioli s'imposa à deux reprises. Mike Hawthorne la pilota également pour une victoire alors que Froilan Gonzales et Maurice Trintignant partagèrent une seconde place au Supercortemaggiore de Monza.

       

0452MD est une 500 Mondial Berlinetta Pinin Farina. Elle a échoué à terminer au Tour de France 54 et aux Mille Miglia 56, terminant finalement l'édition 57 de ces dernières à la 59ème place.

       

0462M est une 750 Monza. Elle fut livrée en Irlande avant d'être vendue à Jaguar qui la démantela pour essayer de comprendre les raisons de sa supériorité. La firme britannique en profita pour réparer les dommages subis à Goodwood avec Mike Hawthorn. L'année suivante, la voiture partit en Australie, chez Cooper cette fois!!

       

0470MD est une 750 Monza qui a participé à la Carrera Panamericana, avant de partir courir en Suède où elle termina sa carrière sur un gros crash. Ce n'est qu'en 1982 qu'elle fut reconstruite par DK Engineering.

0496M est une 750 Monza dont le premier propriétaire fut le Marquis Alfonso de Portago qui l'engagea d'abord, sans succès, à Sebring. Quelques mois plus tard, il eut plus de succès à Oulton Park (deuxième), Caracas (deuxième) et Nassau (deux victoires, une deuxième place). Les flammes sur le nez étaient destinées à intimider les adversaires.

       

0498M est une 750 Monza, exportée au Etats Unis où elle servit de monture à Phil Hill, pour une victoire à Road America notamment. Elle continua à courir et à gagner jusqu'en 1958.

       

0502M est une 750 Monza Spyder Scaglietti. Elle a été vendue à Los Angeles et a été utilisée par Ernie McAfee qui a remporté de nombreuses courses en Californie à son volant.

       

0504M est une 750 Monza Spyder Scaglietti. Livrée à la S.A.I.P.A en Italie, elle fut mise à disposition de Mike Sparken qui remporta deux courses à son volant, mais échoua à terminer les 24 Heures du Mans en binôme avec Masten Gregory.

       

0506MD est une 500 Mondial Scaglietti spyder qui a également pas mal couru aux Etats Unis.

0520M est une 750 Monza livrée à Louis Rosier, avec qui elle termina deuxième du Grand Prix de Dakar et première du Grand Prix d'Alger. Et c'est à son volant que Rosier perdit la vie à Montlhéry. Elle a ensuite appartenu à Jean Sage et Pierre Bardinon.

0526M est une 750 Monza, livrée en France avant de partir rapidement pour la Suède où elle a survolé pas mal de courses (neuf victoires au moins).

0528MD est une 500 Mondial Scaglietti Spyder qui fut vendue au Comte Carlo Leto de Priolo qui la ramena à l'usine après avoir subi trois bris de moteur en trois courses. Vendue en Asie, elle termina deuxième du Grand Prix de Macau en 1956, puis deuxième en 1960. Elle prit ensuite le chemin de la Nouvelle Zélande avant de revenir en Europe pour une restauration chez DK Engineering.

0530M est une 750 Monza qui a remporté quelques courses en Italie avant d'être exposée au Musée de Monza. A priori elle n'a jamais été accidentée.

0532LM est une 121LM Spyder Scaglietti, celle qui termina troisième des Mille Miglia 1955. Elle établit ensuite le meilleur temps des essais préliminaires du Mans mais ne parvint pas à finir la course.

       

0534MD est une 500 Mondial Scaglietti Spyder qui fut exportée vers le Venezuela où elle resta jusqu'en 1983. A cette date, elle revint à Modène en mauvais état, jusqu'à sa restauration en 2000.

0552M est une 750 Monza, livrée à l'Ecurie Nationale Belge et qui fut pilotée par Jacques Swaters lui même au Grand Prix des Voitures de Série à Spa en 1955 (deuxième) et au Grand Prix de Bari (sixième). L'année suivante, elle fut vendue à Harry Shell qui termina trois fois deuxième à Agadir, Dakar et aux Mille Kilomètres de Paris.

0554M, une 750 Monza, fut vendue à Masten Gregory qui figura très bien avec elle: troisième au Grand Prix de Bari et à l'ADAC Eifelrennen au Nürburgring, deuxième au Grand Prix de Boavista et premier au Grand Prix de Lisbonne. Elle continua ensuite à courir en SCCA jusqu'en 1960 et fut restaurée en 1998.

       

Cette 735 S, châssis 0556MD  a commencé sa vie sous l'identité 0446M, abandonnant au Tour de France 1954 mais remportant une course à Barcelone. En 1955, elle retourna à l'usine et fut renumérotée 0556MD, sans doute pour éviter des taxes à la 500 Mondial qui passa quant à elle de 0556 à 0446. 

       

0558LM est une 121LM Spyder Scaglietti. Elle a terminé deuxième du Tour de Sicile avant d'abandonner aux Mille Miglia et aux 24 Heures du Mans. Exportée aux Etats Unis par Luigi Chinetti, elle a remporté au moins deux courses avec Carroll Shelby.

0562M est la 750 Monza dans laquelle Ascari a trouvé la mort à Monza en 1955. Le châssis aurait ensuite été réparé avant d'être vendu au Venezuela où il connut une carrière honorable. En 1957, elle aurait reçu un six cylindres de 300SL!

0564MD, une 500 Mondial Scaglietti Spyder. Elle a à un moment donné été renumérotée 0424MD. Elle a appartenu à Yves Dupont qui l'engagea dans quelques courses. Fin 1955, elle fut retournée à l'usine pour réparation et jamais réclamée. Ferrari la conserva jusqu'en 1975 avant de la vendre au Musée de Monza.

0568M est une 750 Monza. Vendue à un français, François Picard, elle a terminé troisième du Grand Prix d'Agadir et troisième des 1000 kilomètres de Paris. Elle partit ensuite en Suède puis en Finlande où elle fut compétitive jusqu'en 1961. En 1962, elle courait encore des épreuves sur glace (!)

       

0572M est une 750 Monza qui fut achetée par un Portugais. Celui ci remporta le Grand Prix de Tanger à son volant. Elle appartient aujourd'hui à Ferrari qui s'en sert pour la promotion de son département Classiche.

0580MD est une 500 "Monza" Spider Scaglietti, qui fut vendue au pilote suédois Ulf Norinder. Elle reste à priori très originale.

0584M est une 857 Sport, ex voiture d'usine pour qui elle a remporté le Grand Prix d'Agadir, du Sénégal et le Tour de Sicile, plus une deuxième place aux 1000 kilomètres de Buenos Aires. Renumérotée 0578M, elle fut ensuite vendue au Marquis De Portago avant de retrouver son numéro d'origine. En 1957, elle eut un grave accident et fut mise à la casse. L'épave fut ensuite trouvée dans le Bronx en 1979 et reconstruite en 1984.

       

0604M est une 860 Monza. En 1956, elle a remporté les 12 heures de Sebring pour la Scuderia avant d'être vendue à John Von Neumann aux USA, qui partagea le volant avec Phil Hill, se classant régulièrement aux places d'honneur.

       

0610MDTR est une 500 TR. Restée en Italie, elle termina troisième du Tour de Sicile avant de partir en Suède où elle remporta sa classe au Grand Prix d'Helsinki en 1957. En 1958, elle fut gravement endommagée lors des essais de cette même course. Une nouvelle carrosserie fut construite sur place en six jours en prenant 0702MDTR comme modèle. Elle courut jusqu'en 1962 avant d'être "oubliée" dans le parking d'un hôtel de Stockholm. En 1968, elle fut vendue 3000 couronnes pour couvrir les frais de parking.

0612MDTR est une 500 TR qui remporta plusieurs courses aux Etats Unis avant d'être convertie en 625LM. Elle courut jusqu'en 1964 avant de revenir intensivement en courses historiques dès 1987

0614MDTR est une 500 TR, qui a couru aux Etats Unis de 1956 à 1960 avec différents propriétaires, terminant l'année 59 avec un V8 Chevrolet. Elle sort de restauration complète mais ne serait toujours pas matching numbers, bien que le type de moteur soit correct.

       

0620MDTR est une 500 TR. En Italie, elle fut utilisée en course par Anna Maria Peduzzi, remportant notamment une victoire de classe à Montlhéry.

0622MDTR est une 500TR, livrée aux Etats Unis. De 1956 à 1962, elle aussi a participé intensivement à de très nombreuses courses, terminant au moins quatre fois sur le podium.

       

0634MDTR est une 500 TR qui fut exportée aux Etats Unis où elle courut de 1956 à 1959.

0638MDTR est une 500 TR qui fut livrée à Peter Monteverdi en Suisse.

0658MDTR est une 500 (625) TRC qui fut exportée aux Etats Unis par Luigi Chinetti, participant notamment aux 12 Heures de Sebring.

0660MDTR est une 500 TRC. Elle participa deux fois aux 12 Heures de Sebring, terminant au mieux à la onzième place.

       

0670MDTR est une 500 TRC. Elle participa deux fois à la Targa Florio, terminant dixième en 58 et huitième en 59.

       

0682MDTR est une 500 TRC qui a terminé septième aux 24 Heures du Mans 1957, remportant sa classe, puis deuxième de classe au Grand Prix de Spa pour le compte de l'Ecurie Nationale Belge. Vendue, elle continua à écumer les circuits italiens en 1958, multipliant les places d'honneur et remportant sa classe à la Targa Florio (septième au général à nouveau)

       

0686MDTR est une 500 TRC qui a terminé deuxième de classe aux Mille Miglia 1957 (dixième au général) et premier aux 1000 kilomètres du Nürburgring (treizième au général) avant de poursuivre sa carrière aux Etats Unis et de se voir installer un V8 Corvette. Elle a depuis récupéré son moteur d'origine.

       

0690MDTR a terminé troisième de classe (douzième au général) des Mille Miglia 1957 avant d'être vendue à la Scuderia Cuba. Pour sa première course, le Grand Prix de Cuba, elle fonça dans la foule, tuant sept personnes et en blessant quarante autres. L'épave fut mise sous séquestre avant d'être retrouvée en 1985. La reconstruction eut lieu en 1989.

       

0692MDTR est une 500 TRC qui fut livrée à un certain Adrian Conan Doyle. En 1960, elle fut achetée par Jo Siffert qui la mena à la quinzième place des 1000 kilomètres du Nürburgring. Elle entra ensuite dans la Collection Schlumpf.

0696MDTR est une 500 TRC, qui a couru au Mans en 1957 avant de participer à de très nombreuses courses de côte. En 1959, elle remporta le Championnat de France de la Montagne avec son propriétaire Fernand Tavano. Elle devint propriété du collectionneur italien Guido Artom, qui la détient toujours, en 1968.

       

Outre Barchetta et Ultimatecarpage, cette page a été rédigée avec l'aide précieuse du livre d'Antoine Prunet, Ferrari Sport Racing and Prototypes Competition Cars.

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