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Quel est le rapport entre le Forum Economique Mondial (WEF) de Davos et Arthomobiles? Aucun à première vue. Et pourtant. En décembre dernier, je passais sur le forum du magazine Chasseurs d'images, rubrique reportages, à la recherche de jolies photos dont je pourrais m'inspirer. Je suis tombé sur des images incroyables de jets militaires prises lors de l'AXALP 2009. Il s'agit d'un rendez vous incontournable pour de nombreux spotters d'aviation qui se tient chaque année en octobre. L'armée de l'air Suisse organise des séances d'entrainement au tir pour ses chasseurs sur une montagne à plus de 2000 d'altitude, et les spectateurs les plus motivés y grimpent en masse pour assister à ces scènes impressionnantes. Nous aurons peut être l'occasion d'en reparler.

Je ne sais pas pour vous mais étant enfant, le destin de pilote de chasse me paraissait aussi excitant, voire plus, que celui de pilote de Formule 1 et j'en ai gardé un intérêt à la marge pour tout ce qui vole, et en particulier pour les chasseurs (A croire que tout ce qui va vite m'intéresse au final). De fil en aiguille, j'ai découvert qu'il existe une communauté de spotters et de photographes d'aviation considérable, et que bon nombre de leurs photos sont simplement sublimes. Du coup, j'ai eu envie de me mesurer à ces nouveaux modèles. Ca tombe bien, en janvier la Suisse accueille le WEF, ce qui a pour conséquence une couverture aérienne renforcée, et donc un nombre de décollages et d'atterrissages plus importants. Autre facteur intéressant, les bases aériennes militaires Suisses sont étonnamment peu protégées et il est possible d'approcher les avions de très près.

Malgré tout, vous avez bien failli ne jamais lire cette page. La base prévue pour le départ des chasseurs était celle de Meiringen, à 250 km de chez moi et pas très loin d'une station de ski. Jeudi, la neige est arrivée à Besançon, remettant le déplacement en question, faute de pneus neige. Le soir même, le forum du site Aviapic annonçait qu'en raison des intempéries, les vols partiraient de Payerne au lieu de Meiringen. Ca tombe bien, c'est moitié moins loin pour moi, 130 km. Vendredi matin, à 06h45, tout est blanc. Je décide donc de changer de voiture et de prendre celle de madame qui est équipée hiver. Le voyage se passe sans encombres et la neige cesse dès mon arrivée en Suisse (c'est bien organisé là bas quand même). Je me gare sur le parking visiteurs de la base, ainsi qu'on me l'a conseillé. J'ai pris le 70-200 et le 300x1.4.

La base de Payerne ne comporte qu'une seule piste balisée, plus une piste parallèle pour les liaisons (taxiway). Je m'éloigne un peu des bâtiments pour avoir une meilleure vue. Une route longe la piste dont elle n'est séparée que par un étroit canal. Le principe est simple: un duo d'avions atterrit toutes les heures, vers xxh20 et un second duo décolle 20 minutes plus tard. Et ainsi de suite toute la journée. Quatre avions toutes les heures selon un programme précis donc. Pourtant, le premier objet volant que je photographie est un hélicoptère.

Il ne fait pas *très* froid, un ou deux degrés, mais le vent est glacial. Je comprends vite la manœuvre: deux voitures sont stationnées sur le parking du Musée de l'air tout proche avec des spotters à l'intérieur, attendant leur heure. Je décide d'attendre la première rotation avant d'aller chercher la mienne. Les avions sont d'abord visibles de loin par le point lumineux de leur puissant projecteur d'approche.

Le chasseur touche la piste hors de vue puis roule à quelques mètres devant moi dans un bruit de tonnerre (photo de gauche à 110mm), aérofreins sortis, jusqu'au bout de la piste. C'est stupéfiant de les voir passer si près sans aucune barrière.

       

Les avions vont ensuite faire demi tour tout au fond avant de revenir par le taxiway. Les pilotes semblent habitués à être pris en photo et prennent la chose avec beaucoup de philosophie.

         

Les avions sont tous des F/A-18C Hornet. L'armée de l'air Suisse s'est dotée de 26 appareils de ce type en 1996 (+ 8 versions biplaces dont un a été perdu lors d'un accident). Ca tombe bien, j'apprécie particulièrement ces appareils à double dérive que je trouve superbes (au même titre que les F-15, F-14 ou Su-27). Le Hornet fut à l'origine conçu pour l'aéronavale (d'ailleurs les versions Suisses conservent la crosse d'apontage).

Il a effectué son premier vol en 1978, ce qui explique que j'ai l'impression de l'avoir toujours connu (mis en service en 1983). Il s'agit d'un avion multi-rôle (supériorité aérienne + attaque au sol) construit par Mc Donnell Douglas.

       

Il n'aura pas échappé aux fanatiques de belles voitures que les avions ont deux appendices sur les flancs qui les aident à prendre l'air. En lisant des conseils sur les photos d'aviation, j'ai découvert que pour les spotters, seul le fuselage est important, ce qui autorise à couper les ailes sur la photo afin d'éviter qu'il y ait trop de vide dessus. Personnellement, je n'apprécie pas trop mais heureusement sur les chasseurs, les ailes sont courtes donc on peut les inclure sans déséquilibrer l'image, ce qui est moins aisé avec une Boeing 747 par exemple.

Après ce premier atterrissage, je retourne vers les bâtiments de la base. J'en profite pour prendre des photos du Mirage III qui y est exposé.

       

Il y a même des bancs au pied de la tour de contrôle pour les visiteurs. Je ne suis pas persuadé que ce soit la même chose en France. C'est l'heure du décollage.

       

Puis quarante minutes d'attente pour l'atterrissage suivant. Un Super Puma vient mettre un peu d'animation, démontrant au passage les variations importantes que le pilote peut imprimer à l'inclinaison des pales de sa machine, sur différents plans, suivant s'il souhaite avancer au sol ou prendre l'air par exemple.

       

Atterrissage du 5018 et son empennage soigneusement décoré aux couleurs des Panthers.

       

Si certaines voitures permettent des effets sympathiques avec la brume de chaleur qui sort du capot moteur, force est de constater que là, on est plus dans la même division. Chaud derrière!

Je prends la voiture et vais me garer vers le Musée, en attendant de surgir au moment où les avions se présenteront au décollage. Ce faisant, je retrouve deux membres du forum aviapic sur lequel j'avais demandé quelques renseignement en vue de mon déplacement. Nous avons hélas peu le loisir de discuter car le vent nous oblige à nous retrancher rapidement à l'intérieur de nos véhicules pour éviter de trembler de tout notre corps, ce qui serait gênant pour les prises de vue.

       

       

Evidemment le but est de varier le plus possible les angles de prises de vue, ce qui est assez facile quand les rotations sont aussi précisément programmées. Je suis donc les spotters expérimentés jusqu'à l'opposé de la piste. Un endroit bien plus sympa car on peut y faire des vues étonnantes avec des maisons en arrière plan. Dire que certains se plaignent de la proximité d'une voie ferrée!

       

Nous y restons le temps d'un atterrissage puis d'un décollage, avant de nous séparer vers l'heure du déjeuner. Pfff, c'est beau !

       

       

Je décide ensuite de tenter un coup de poker (avec un passage toutes les heures, il ne faut pas trop se tromper) en cherchant l'endroit où les avions passent de la piste au taxiway. Il y a plusieurs embranchements possibles, je choisis l'avant dernier. Bingo, je vais pouvoir prendre le Hornet de face. Photos prises à 70mm, c'est dire à quel point on est proche des avions. Je n'en suis encore pas revenu.

       

Il s'agit ici de missions opérationnelles, pas d'entrainement, donc les missiles embarqués sont on ne peut plus réels, et armés.

Pas facile en revanche d'avoir le couple sur un même photo, les phases de décollage et d'atterrissage ne se font pas en formation serrée.

       

De part leur physionomie très allongée, les avions se prêtent très bien aux cadrages "cinémascope"

       

et voici le "canal" dont je parlais plus haut, tout ce qui sépare le terrain militaire de la route publique.

Pour le décollage suivant, je vais me poster directement sous la trajectoire de l'avion, en bout de piste. Le résultat n'est qu'à moitié concluant. Il faut dire que le temps particulièrement maussade de cette journée n'aide pas à faire ressortir les avions. Enfin, nous aurons au moins échappé aux précipitations.

Ensuite, et fort logiquement, inversion complète, je mets le cap sur l'entrée de la piste pour l'atterrissage suivant.

       

       

       

Je reviens à mon premier point de la journée pour un nouveau décollage.

       

Si les retours de flammes et les blocages de roues sont appréciés de photographes de circuit pour leur coté très spectaculaire, le spotter d'aviation attend quant à lui un décollage avec la postcombustion enclenchée ou de belles trainées aérodynamiques sur ou derrière les ailes (vortex). Rien de tout cela aujourd'hui hélas, on ne peut pas tout avoir. 

       

A quatorze heures, j'estime que j'ai fait déjà un premier tour du sujet et la météo ne justifie pas que je m'attarde, d'autant que mon épouse m'a indiqué qu'il continuait à neiger de l'autre coté de la frontière. C'est donc pleinement satisfait de ce premier contact que je reprends la route. Le retour se passe sans encombres. La route est blanche par endroits mais pas de quoi fouetter un chat.

Alors, quelles sont les conclusions de ma première expérience en tant que spotter d'aviation? D'abord, je suis encore sidéré par le fait qu'il n'y ait pas de grillages autour des bases. La neutralité a du bon pour les spotters. Moi qui cherchait un jet pour accompagner une Ferrari sur une photo, il suffirait de garer la voiture dans l'herbe au bout du taxiway pour obtenir l'effet désiré (Avis aux propriétaires de la région de Berne, je suis volontaire!). Ensuite, il y a 33 appareils quasi semblables depuis 14 ans. Donc même si la Swiss Air Force dispose également de F-5 Tigers, le gibier est tout de même assez limité. Bien sûr le vrai spotter espère toujours voir des avions des pays voisins en visite (des Rafale par exemple), ce qui apporte un soupçon d'incertitude. Ensuite, le caractère prévisible des rotations permet d'apporter beaucoup de soin à la préparation des photos, en croisant les doigts pour que le pilote allume sa PC ou qu'un beau nuage vienne se former sur les ailes. Cela explique peut être en partie les superbes images que l'on trouve sur le net, sur fonds de couchers de soleil... Si je savais qu'une Ferrari passait à heure fixe selon une trajectoire prévisible, nul doute que je soignerais aussi mes clichés. Au final, j'ai bien apprécié ce premier contact, et même si je ne compte pas en faire une activité régulière, il n'est pas exclu que je profite de temps en temps d'évènements particuliers pour me rendre à Payerne. Et l'Axalp me tente vraiment. Au niveau des photos enfin, j'en suis plutôt satisfait pour une première expérience, bien que j'en trouve certaines très bruitées mais la luminosité n'était pas extraordinaire. Le principal axe de progrès serait de shooter en mode M afin de conserver une exposition constante car sur certaines séries réalisées en Av ou en Tv, j'ai de grosses disparités au niveau de la luminosité, et en particulier dans la nuance du ciel, ce qui n'est évidemment pas très recommandé. En tout cas merci aux passionnés d'Aviapic pour leur accueil et leur aide dans cette entreprise.

Je tiens à rassurer ceux qui fréquentent Arthomobiles pour les voitures et plus particulièrement pour Ferrari, les prochaines mises à jour devraient vous combler puisque je vais passer trois jours à Maranello d'ici trois semaines pour vous ramener des images de la 458 Italia sous tous les angles ! A bientôt.

PS: sur une arrière pensée je me suis amusé à reprendre quelques RAW pour les traiter plus en profondeur. En désaturant les images, j'ai voulu rendre l'ambiance grise et glaciale de ce vendredi. Un fois le premier RAW donnant satisfaction, il suffit de sauvegarder les réglages et des les appliquer aux autres images, ce qui est très rapide et assure une bonne homogénéité de l'ensemble. Rien de révolutionnaire assurément mais c'est la première fois que je fais çà.

       

       

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